Santé : pourquoi le réchauffement climatique nuit à notre sommeil ?
Notre cycle de sommeil est perturbé à cause de l'augmentation mondiale des températures. Un danger pour la santé en particulier celle des personnes âgées et des femmes.
Fonte des glaciers, sécheresse, augmentation globale des températures, les impacts environnementaux et économiques du changement climatique sont - malheureusement ! - déjà bien connus. Certains effets sont indirects et parfois inattendus. Et peuvent influencer nos besoins humains physiologiques quotidiens et fondamentaux comme... le sommeil !
Dormir est une activité essentielle au maintien de notre santé physique et mentale. Toutes les nuits, lorsque nous dormons, notre cerveau fait une sorte de ménage. Le liquide céphalo-rachidien pénètre dans le cerveau et élimine les déchets métaboliques.Une récente étude publiée dans la revue scientifique One Earth prouve que l'augmentation des températures provoquée par le réchauffement climatique a un impact négatif sur le sommeil humain et ce, dans le monde entier. Au total, les enquêteurs ont analysé 7 millions de nuits de sommeil de plus de 47 000 adultes de 68 pays différents.
Pour collecter ces données anonymes sur le sommeil, ils ont utilisé des bracelets de suivi du sommeil basés sur un accéléromètre. Le bracelet donnait la qualité et la quantité de sommeil des participants. Les chercheurs ont constaté que les nuits très chaudes - supérieures à 30°C - le temps de sommeil diminuait de près de 15 minutes en moyenne.
Les personnes testées avaient plus de mal à dormir 7 heures ou plus lorsque les nuits étaient plus chaudes. Conséquences : nous perdons 44 heures de sommeil par an. À ce rythme, nous pourrions perdre 50 à 58 heures de sommeil par an - ce qui équivaut à environ 2 semaines - d'ici 2099 ! L'étude montre aussi que les personnes âgées et les femmes sont les plus touchées par ce phénomène.
"Nos corps sont hautement adaptés pour maintenir une température corporelle centrale stable, quelque chose dont nos vies dépendent", rappelle l'auteur principal Kelton Minor de l'Université de Copenhague, au Danemark.
"Pourtant, chaque nuit, ils font quelque chose de remarquable sans que la plupart d'entre nous le sachent consciemment - ils rejettent la chaleur de notre noyau dans l'environnement qui l'entoure en dilatant nos vaisseaux sanguins et en augmentant le flux sanguin vers nos mains et nos pieds", explique-t-il.
La baisse de la température centrale du corps ralentit notre métabolisme pour nous permettre de dormir et elle est déclenchée par la mélatonine. Pour que notre corps puisse dégager cette chaleur, le lieu où nous dormons doit être plus frais que nous. La recherche a également révélé que les gens s'adaptaient mieux à des températures extérieures plus froides que plus chaudes.
"Au fil des saisons, des données démographiques et des différents contextes climatiques, des températures extérieures plus chaudes érodent constamment le sommeil, la quantité de perte de sommeil augmentant progressivement à mesure que les températures deviennent plus chaudes", poursuit l'auteur.
Le statut socio-économique semble avoir un impact également. Les habitants des pays en développement sont plus touchés par les changements de température, peut-être à cause du manque d'accès à l'isolation et à la climatisation. Ce qui met en évidence que les populations les plus vulnérables vivent dans les régions les plus chaudes du monde et sont aussi historiquement parmi les plus pauvres.
Alors pour nous aider à sauver notre sommeil, notre santé physique et mentale et aussi notre planète, l'équipe de chercheurs espère collaborer avec des climatologues mondiaux, des spécialistes du sommeil et des entreprises technologiques pour étendre la portée des recherches mondiales sur le sommeil et le comportement à encore plus de personnes, d'environnement et de contexte.