Les "rivières atmosphériques" enfin cartographiées : quel impact sur le risque d'inondations ?
Nous allons enfin en savoir davantage sur les "rivières atmosphériques", ces phénomènes provoquant fortes précipitations et inondations dévastatrices. Des chercheurs ont mis au point un système cartographique permettant en effet de les étudier en temps réel !
Phénomène de plus en plus médiatisé, la "rivière atmosphérique" envoie ses filaments nuageux, venteux et pluvieux depuis les Tropiques jusqu'aux latitudes plus tempérées, avec à la clé de fortes précipitations, des inondations et des vents parfois violents. Des chercheurs viennent d'établir une cartographie de cet étrange objet météorologique : avec quelles conséquences pour la prévision ?
Satellite et 3D à la rescousse
La France a été la victime plusieurs fois cet automne et cet hiver de ce phénomène de "rivière atmosphérique", avec des épisodes pluvieux intenses et prolongés apportés par un long et étroit corridor d'air chargé en humidité qui circulait dans l'atmosphère, depuis les Antilles ou la Floride.
Difficiles à prévoir et à déceler, les rivières atmosphériques ont des conséquences dramatiques, entre crues, inondations, mais aussi la fonte et l'effondrement de certaines plateformes de glace en Antarctique. Sans compter le coût assurantiel des catastrophes qu'elles engendrent, plusieurs milliards d'euros au total depuis le début des années 2000 !
Pour la première fois, des chercheurs de l'Université de Californie, emmenés par le spécialiste de l'atmosphère Weiming Ma, ont établi une cartographie permettant de mieux comprendre ce phénomène. Selon les résultats de leur étude publiée dans la revue ESS Open Archive le 26 février dernier, cette cartographie permettra de mieux déterminer les endroits où les pluies intenses tomberont.
Contrairement aux modèles météo classiques de prévisions, il s'agit ici d'observer les rivières atmosphériques en temps réel, alors qu'elles sont si difficiles à visualiser ! Grâce à quoi ? D'abord aux enregistrements satellites des températures de l'atmosphère pour reconstituer un champ de vent en 3D ; puis en combinant ces données avec les observations du taux d'humidité réalisées par les satellites de la Nasa.
Responsables de 30% des pluies en Europe !
Cette technique a permis aux chercheurs d'établir une répartition mondiale en temps réel des courants chargés d'humidité. Un résultat essentiel dans un contexte de réchauffement climatique, où une atmosphère plus chaude pourra à l'avenir contenir de plus grandes quantités d'eau, ce qui pourrait modifier l'orientation des rivières atmosphériques.
Tant que les observations par satellite continueront de s'améliorer, les statistiques sur les rivières atmosphériques continueront à s'enrichir : nous allons donc pouvoir mieux prévoir l'intensité et la fréquence de ces phénomènes (leur fréquence est souvent surestimée et leur intensité sous-estimée). A terme, c'est l'ensemble de nos modèles climatiques et de prévisions qui en bénéficieront.
Pourquoi pas une prochaine "vigilance rivière atmosphérique" ? Cela ne serait pas forcément déroutant, quand on sait que 30% des précipitations qui tombent chaque année en Europe et aux États-Unis ont pour origine une rivière atmosphérique ! Cela permettrait alors de mieux prévenir le risque d'inondations et de mieux faire comprendre à la population que les pluies annoncées sont bien plus intenses que d'habitude...