Retour imminent d’El Niño : quelles conséquences en France ?
Le phénomène météorologique La Niña, qui a notamment intensifié la sécheresse et les inondations dans plusieurs régions du monde, est enfin terminé mais celui qui va suivre, à savoir El Niño, pourrait apporter d'autres problèmes.
Si grâce à La Niña, un phénomène météorologique qui a tendance à faire baisser la température des océans et qui sévit depuis 2020, le réchauffement climatique a été sensiblement atténué l'année dernière. Malgré cela, les deux dernières années ont quand même été plus chaudes à l’échelle planétaire. Et plus largement, les huit dernières années ont été les plus chaudes jamais enregistrées selon les experts de l'Organisation Météorologique Mondiale (OMM). Pour rappel, La Niña est la phase froide de l'oscillation australe El Niño (ENSO), un modèle climatique impliquant des changements périodiques des vents et des températures de surface de la mer au-dessus de l'océan Pacifique. Les changements dans les phases ENSO sont généralement initiés par les alizés, qui modifient les courants océaniques et modifient les températures océaniques.
Une phase neutre au cours du printemps
En général, La Niña entraîne des conditions plus humides dans certaines parties du nord de l'Australie et de l'Asie du Sud-Est, ainsi que dans la partie nord-est de l'Amérique du Sud. D'un autre côté, certaines parties du sud des États-Unis et du Mexique connaissent souvent des conditions plus sèches. La Niña peut également favoriser le développement de tempêtes tropicales dans l'Atlantique Nord. Les dernières prévisions confirment désormais le retour d'El Niño à partir de l’été. Ce phénomène entraîne des températures de surface de la mer plus chaudes que la moyenne et des pressions atmosphériques plus faibles dans la région du Pacifique. La différence de température océanique entre les deux phases peut ainsi parfois atteindre 10°C.
Mais avant son retour, une phase neutre va s’installer. Il y a ainsi près de 90 % de chances que les conditions soient neutres jusqu’au mois de mai, chutant à 80 % sur la fenêtre avril-juin et à 60 % entre mai et juillet selon les experts du climat à l’ONU. Durant cette période, les alizés soufflent d'est en ouest sur l'océan Pacifique tropical. Ils provoquent alors une remontée d'eau des profondeurs au centre et à l'est de l'océan Pacifique équatorial, ce qui se matérialise par une langue d'eau froide. Ils entraînent également une accumulation d'eau "chaude" à l'ouest du bassin pacifique.
2023, année la plus chaude inévitablement ?
El Niño risque d'alimenter un nouveau pic des températures mondiales, alerte d’ores et déjà l’OMM. Il y a même une probabilité accrue de connaître l'année la plus chaude jamais enregistrée d’après l’organisme. L’intensité exacte du phénomène sera donc déterminante. Pour l’heure, le scénario le plus probable indique qu’il serait modéré et qu’il resterait donc assez largement inférieur à l’épisode de 2015 qui avait été l’un des plus intenses jamais observé.
En France et plus largement en Europe, les experts du climat s’accordent sur des conséquences d’El Niño limitées voire nulles, contrairement à d’autres zones du monde telles que le continent américain, l’Océanie ou encore les pays bordant l’océan Indien. Toutefois, les observations lors des précédentes phases du phénomène indiquent un temps plus dépressionnaire que la normale mais aussi plus chaud que la normale. Ainsi, avec son retour prévu pour l’été, la probabilité de connaître des vagues de chaleur mais aussi de puissantes dégradations orageuses pourrait augmenter. Elle sera aussi à prendre en compte lors de la publication des tendances saisonnières pour le trimestre juin-juillet-août.