Retour de la pluie : une simple pause sur le front de la sécheresse ?
Après les orages du week-end et avec le passage d’une perturbation active ce mercredi, le spectre de 1976 va-t-il s’éloigner ou s’agit-il d’une simple et courte pause sur le front de la sécheresse en ce début d’été ? Décryptage et explications.
Alors que le mois de mai a été le plus sec jamais enregistré à l’échelle nationale depuis le début des relevés météo, le temps a radicalement changé avec l’arrivée de l’été météorologique la semaine dernière. L’anticyclone s’est ainsi retiré au profit des gouttes froides et autres dépressions. Conséquence directe, les précipitations ont retrouvé le chemin de la France avec des cumuls parfois importants mais pas toujours bénéfiques en fonction de l’intensité de ces pluies. La sécheresse n’a donc pas dit son dernier mot, bien au contraire…
Un mois de précipitations (voire plus) depuis le 1er juin
Si les orages ont touché les trois quarts du pays le week-end dernier, les précipitations qui les ont accompagnés ont été inégales, comme souvent lors des situations orageuses. Les cumuls ont localement dépassé les 50 mm, ce qui correspond à ce qui tombe généralement sur la totalité du mois. À l’issue de la dégradation, les pluviomètres de Saint-Yan (Saône-et-Loire) affichaient alors 74 mm, ceux de Cormes (Sarthe) 72 mm, ceux de Vichy (Allier) et d’Illiers-Combray (Eure-et-Loir) 57 mm ou encore ceux de Donnemarie-Dontilly (Seine-et-Marne) et d’Eymoutiers (Haute-Vienne) 54 mm.
Seulement voilà, les précipitations étant tombées la plupart du temps en moins d’une ou deux heures avec des intensités particulièrement marquées, de nombreux ruissellements ont été observés et pas seulement dans les zones fortement urbanisées. Les sols secs et donc dures en raison du manque d’eau de ces dernières semaines n’ont pas vu l’eau du week-end les pénétrer. Ainsi, ces précipitations n’ont pas été bénéfiques, ni pour les nappes phréatiques, ni pour la végétation qu’elles ont d’ailleurs parfois abîmée voire détruite.
Mais ce mercredi a rectifié le tir avec cette fois, une perturbation atlantique plus classique qui a traversé le pays d’ouest en est avec des intensités bien plus modérées et raisonnables, de quoi remplir les pluviomètres et surtout, laisser l’eau s’infiltrer dans les terres. Les cumuls les plus conséquents ont été relevés entre le sud de la Bretagne et la Loire-Atlantique avec quelque 44 mm à Herbignac (Loire-Atlantique), 39 mm à Arzal (Morbihan), 35 mm à Sarzeau (Morbihan) ou encore 33 mm à Thourie (Ille-et-Vilaine). Plus largement, les quantités de pluies tombées ce mercredi sont comprises entre 15 et 25 mm dans une large moitié nord.
Le sud-est (toujours) à l’écart des pluies
Le retour de la pluie en cette première décade de juin constitue une excellente nouvelle pour la nature qui souffre de la sécheresse depuis plusieurs semaines voire depuis plusieurs mois. Il faut toutefois apporter un bémol et pas des moindres à cette situation puisque les régions méditerranéennes ont échappé à ces dégradations successives. Ainsi, depuis le 1er juin, les pluviomètres affichent "seulement" entre 0 et 2 mm à Montpellier, Marseille, Toulon, Nice ou Ajaccio. Dans ce quart sud-est, le déficit de pluie affiche en moyenne -70 % depuis l’automne dernier !
Le spectre de 1976 n’a donc pas reculé dans le Midi méditerranéen, bien au contraire. Ailleurs, il s’agit plutôt d’une pause que d’une régression de la sécheresse. En effet, le retard des pluies accumulé ces derniers mois est loin d’être rattrapé. De plus, avec les fortes chaleurs et le retour d’un temps sec à partir de ce week-end ainsi que les tendances saisonnières annonçant un été plus chaud et plus sec que la normale, la crainte d’une sécheresse marquée ces prochains mois reste plus que jamais d’actualité…