Résidus de pesticides : les autorités nous empoissonnent-elles ?
L'ONG Générations Futures a récemment révélé que les chiffres des résidus de pesticides dans les aliments non bios d'origine végétale en France étaient faussés. Quels sont les véritables chiffres ?
Tout commence en septembre 2020, lorsque l'association Générations Futures alerte la DGCCRF (Direction Générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des Fraudes). L'ONG avait révélé que les données - fournies par l'État - sur le pourcentage d'aliments d'origine végétale (fruits, légumes, céréales) contenant des résidus de pesticides, mélangeaient des échantillons issus d'agriculture biologique et non biologique.
Or, les chiffres des aliments végétaux issus uniquement de l'agriculture conventionnelle, n'étaient pas fournis ! À partir des données brutes fournies par l'administration française, l'association s'était rendue compte que la présence de résidus de pesticides dans les fruits, légumes et céréales non bios était bien supérieure que lorsque les échantillons bio et non bio étaient mélangés !
Plus de transparence de la part de l'État :
Ayant pris en compte les remarques de Générations Futures en 2020, la DGCCRF a accepté de partager des données plus détaillées. L'administration française, régit par le Ministère de l'Économie, distingue maintenant dans les résultats globaux, les résultats des aliments bio et des végétaux issus de l'agriculture non biologique.
La DGCCRF communique maintenant le pourcentage de végétaux contenant des résidus de pesticides supérieurs à la "Limite de Quantification" (LQ). Il s'agit des résidus dont la concentration est quantifiable par les laboratoires. Ainsi que le pourcentage de végétaux contenant des résidus de pesticides en générale.
Y compris les résidus détectés - soit supérieurs à la "Limite de Détection" (LD) - mais non quantifiables par les laboratoires - car inférieurs à la LQ. "À partir de la LD le résidu peut être décelé, à partir de la LQ il peut être dosé avec précision", explique l'ONG dans son rapport.
Et évidemment, elle partage aussi le pourcentage d'aliment d'origine végétale contenant des résidus de pesticides dont les chiffres sont supérieurs à la LQ !
Des résultats plus proches de la réalité :
Pendant des années, les autorités françaises ont sous-estimé les chiffres et pire... elles les ont communiqué au grand public induisant en erreur des millions de consommateurs !
Sur les échantillons prélevés en 2020, la DGCCRF aurait habituellement communiqué les résultats mélangeant végétaux bio et non bio : soit 45,9% (pourcentage global d'échantillons contenant au moins un résidu de pesticides quantifié donc supérieur à la LQ).
Ce pourcentage grimpe à 54,5% quand on ne prend en compte que les aliments d'origine végétale issus de l'agriculture utilisant la chimie de synthèse (ou conventionnelle) ! Et "63,1% des fruits, légumes et céréales non bio contiennent des résidus de pesticides" quand on prend en compte la Limite de Détection !
"La réalité aujourd’hui dévoilée par Générations Futures, permise par la plus grande transparence de la DGCCRF, montre qu’en 2020 près des 2/3 des fruits, légumes et céréales ‘conventionnels’ contiennent des résidus de pesticides !" a déclaré François Veillerette, porte-parole de Générations Futures.