Réduire la "dette écologique" de la France : quel est ce concept évoqué par Michel Barnier dans son discours ?
Lors de son discours de politique générale devant l'Assemblée nationale ce mardi 1er octobre, le Premier ministre Michel Barnier a fait de la réduction de la "dette écologique" de la France une de ses priorités. De quoi s'agit-il ?
Le grand oral de Michel Barnier a donc eu lieu ce mardi 1er octobre : pendant l'introduction de son discours de politique générale devant les députés à l'Assemblée nationale, le nouveau Premier ministre a mis en avant la réduction de la "double dette, budgétaire et écologique", comme priorité essentielle. À quoi correspond ce concept de "dette écologique" évoqué par Michel Barnier ?
"Regarder la réalité en face sur nos modes de vie"
La première dette montrée du doigt par le Premier ministre, la "dette budgétaire", nous la connaissons : il s'agit du déficit public de la France, clairement dans le rouge en 2024, puisqu'il devrait dépasser les 6% de notre richesse nationale (le PIB, produit intérieur brut) cette année, d'où la cure de rigueur annoncée, entre hausses d'impôts et coupes dans les dépenses publiques.
La définition de la "dette écologique" est de son côté beaucoup plus floue. Michel Barnier a pourtant esquissé quelques pistes : "ne pas sacrifier l'avenir au présent", a précisé celui qui était ministre de l'Environnement entre 1993 et 1995, dans le gouvernement de droite d'Édouard Balladur pendant le second septennat de François Mitterrand (c'était alors la deuxième cohabitation).
Selon Michel Barnier, "nous devons regarder la réalité en face sur nos comptes publics et sur nos modes de vie", puisque le poids de cette double dette "pèsera beaucoup plus gravement pour nos enfants et nos petits-enfants". Ce concept de "dette écologique" a d'abord émergé dans les années 1990, d'abord en tant que dette due par les pays du Nord aux pays du Sud, en voie de développement.
Quels remèdes ?
Ce sont sans aucun doute les pays développés, les plus riches, comme la France, qui ont contribué, via leur industrialisation dès les années 1930 à l'"endettement climatique" : résultat, ce sont les pays les plus pauvres, les plus vulnérables, qui en subissent les conséquences les plus dommageables au 21e siècle avec catastrophes climatiques, sécheresses ou montées des eaux...
Pourtant, ce n'est pas cette signification qu'a choisie Michel Barnier : il lui préfère celle associée à la notion de "développement durable", apparue dans les années 1990. Il s'agit d'un "legs négatif aux générations futures" : à cause de nos modes de vie émettant des gaz à effet de serre, nous rendons la planète invivable pour les générations futures, qui auront à subir des catastrophes climatiques.
Pour réduire cette "dette écologique", Michel Barnier a comme priorité la diminution des émissions de gaz à effet de serre (qui ont déjà baissé de 3,6% au premier semestre 2024). Ses remèdes passent par "l'écologie des solutions" et les "progrès technologiques" pour améliorer notre bilan carbone et moins peser sur le réchauffement climatique.
Étonnamment, ce projet est uniquement basé sur la réduction des émissions carbone, et n'a que trop peu évoqué la protection de la biodiversité et des écosystèmes de la planète. Les impératifs budgétaires auront-ils raison des déjà trop maigres ambitions écologiques du Premier ministre ?
Références de l'article :
Michel Barnier veut réduire la "dette écologique" de la France, de quoi parle-t-il ? - HuffPost
"Dire la vérité sur la dette écologique, c'est en faire sa comptabilité !" - Le Monde