Records de froid en avril : nouvelle catastrophe pour les agriculteurs
La période de gel en ce début avril était redoutée par les agriculteurs, un an après des gelées particulièrement destructrices. Une fois encore, les cultures ont souffert avec des pertes importantes dans plusieurs régions et de nombreux records de froid mensuels qui ont été battus.
Les années se suivent et se ressemblent… Après un pic de douceur remarquable le 1er avril, une masse d’air polaire a déboulé le week-end dernier, faisant lourdement chuter les températures. Les gelées ont ainsi fait leur retour avec un froid de plus en plus marqué, un scénario identique en tous points à la situation de l’année dernière à la même époque et du gel particulièrement destructeur dans de nombreuses régions entre le 5 et le 8 avril 2021. Sous abri, les valeurs sont devenues négatives sur les deux tiers du pays dès samedi, gagnant du terrain et en intensité dimanche.
Comme prévu, c’est ce lundi matin que les températures les plus basses ont été relevées avec des valeurs généralement comprises entre -6 et -1°C dans la plupart des régions, exception faite des villes côtières de la Manche, de la Mer du Nord, de la Méditerranée et de Paris intramuros. De nombreux records de froid pour un mois d’avril ont également été battus. Parmi lesquels, on retiendra les -9,3°C de Mourmelon-le-Grand (Marne), les -6,2°C de Rodez (Aveyron), les -5,6°C de Châteauroux (Indre), les -4,4°C de Cognac (Charente et d’Auch (Gers), les -3,8°C de Bourges (Cher), les -3,2°C de Vannes (Morbihan) ou encore les -2,8°C de Dax (Landes).
À l’échelle nationale, la moyenne nationale affichait au petit matin -1,5°C selon la valeur obtenue à partir de la moyenne sur 30 stations météo représentatives. Cette valeur est tout simplement inédite en avril depuis la prise en compte de cet indicateur thermique national, en 1946. Le précédent record datait du 12 avril 1986 avec -1,4°C. Parmi les autres valeurs remarquables, retiendra les -6°C de Nancy (Meurthe-et-Moselle) qui correspondent à la nuit la plus froide de toute la saison hivernale ou encore le 0°C tout pile de L’Île-d’Yeu, marquant le 1er jour de gel en avril sur l’île vendéenne depuis le début des relevés en 1944.
Face à cette situation, les agriculteurs, céréaliers, viticulteurs ou arboriculteurs n’ont pas beaucoup dormi ces dernières nuits pour tenter de sauver tout ou partie de leur production. Pour cela, certains ont eu recours aux bougies, l’une des techniques les plus répandues. Cette méthode consiste à disposer de grosses bougies dans des boîtes métalliques avec des blocs de paraffine au milieu des vignes. Elles vont alors réchauffer l'air ambiant autour des parcelles où elles ont été installées, limitant de 2 ou 3°C la baisse de la température. Des bottes de paille humides ont été également utilisées, créant alors un important brouillard. Cette fumée émise joue alors le rôle d'un écran thermique comme lorsqu'il y a une couverture nuageuse la nuit, limitant ainsi la baisse du mercure.
Parmi les autres moyens utilisés, il y a aussi les éoliennes qui brassent l’air situé au-dessus des vignes ou encore les hélicoptères qui volent en dessous de 20 mètres d'altitude. Autre méthode utilisée : l'aspersion. Elle consiste à asperger avec de l'eau les branches des arbres et les ceps des vignes. Les bourgeons sont alors pris dans une sorte de poche de glace sans que l'eau qu'ils contiennent ne gèle. Ce mardi matin, le gel commence à régresser, ne concernant que les régions de la moitié sud et le centre-est, en exceptant les zones côtières et avec des valeurs moins extrêmes que la veille. Le risque de gelées disparaîtra ensuite totalement dans les zones de plaine dès mercredi matin.