De records en records : premier bilan de cette canicule exceptionnelle dans la moitié Sud
Jamais la France n'avait eu aussi chaud après un 15 août. La canicule qui a concerné la moitié Sud et l'Est du pays en cette fin d'été météorologique a connu son paroxysme ces 4 derniers jours, avec des records battus en série.
De mémoire de passionné de météorologie, seuls les épisodes caniculaires d'août 2003 et de juin 2019 peuvent rivaliser avec la canicule que viennent de connaître la moitié Sud du pays et les régions de l'Est. Le paroxysme de cette canicule inédite pour une fin d'été a établi nombre de records ces 4 derniers jours, notamment entre l'Occitanie et la vallée du Rhône. Revue de détails, non exhaustive...
Un épisode tardif historique, parfois plus long qu'en 2003
C'est bien ce qui fait de cet épisode un événement exceptionnel et inédit : jamais une canicule aussi intense et aussi longue n'avait frappé la France aussi tardivement (autrement dit après le 15 août). La dernière canicule comparable, du 17 au 21 août 2012, pourtant la plus sévère à cette époque de l'année, est désormais loin derrière, dans les choux. Et cela explique que la carte de vigilance de Météo-France ait été tartinée d'orange (sur près des deux-tiers Sud et Est du pays), puis de rouge (dans 19 départements au maximum).
Au niveau national, alors qu'un tiers Nord du pays n'était pas concerné par la canicule (mais parfois par de fortes chaleurs), la journée du lundi 21 août marquait le début du maximum caniculaire : c'était alors la journée la plus chaude jamais enregistrée en France après un 15 août, avec un indicateur thermique national de 26,6°. Preuve du caractère inédit de cette canicule, ce record a été battu trois fois de suite : mardi 22 août, avec 27,1°, puis mercredi 23 août, avec 27,5°, et enfin hier, jeudi 24 août, journée désormais la plus chaude jamais connue après un 15 août, avec 27,6°, marquant le pic de cette vague de chaleur historique.
Une canicule qui a duré, et qui prend petit à petit fin en ce début de week-end : dans certains territoires, elle a pourtant duré encore plus longtemps que celle d'août 2003, la plus sévère jamais enregistrée en France. A Lyon, par exemple, dans le Rhône, les 14 jours de canicule en ce mois d'août surpassent les 12 jours d'août 2003. Il y a 20 ans, la température maximale à Lyon dépassait les 34 degrés pendant 11 jours consécutifs, contre 15 jours consécutifs cette année.
Des records absolus battus en cascade !
Depuis dimanche 20 août et l'accentuation de la canicule, ce sont plusieurs centaines de records mensuels de chaleur et parfois de records absolus qui ont été battus, un événement d'autant plus exceptionnel que ces records dataient souvent du début du mois d'août, et non de la dernière décade. La France dispose d'ailleurs d'un nouveau record national de chaleur pour un mois d'août, avec 44,4° enregistrés à Salindres, dans le Gard, le 24 août 2023, à l'ombre évidemment. Pour rappel, le record absolu de chaleur en France reste détenu par Vérargues, dans l'Hérault, avec 46,0° relevés le 28 juin 2019 lors d'une autre canicule historique.
Parmi les records absolus battus, et la liste n'est pas exhaustive, retenons dans le Sud-Ouest les 43,1° relevés ce jeudi 24 août à Castelsarrasin, les 42,5° relevés à Agen, ou encore les 42,6° relevés à Auch. La station de Nîmes-Courbessac, dans le Gard, a par ailleurs connu sa deuxième journée la plus chaude en plus de 100 ans d'existence, avec 42,3° relevés mercredi 23 août (derrière les 44,4° du 28 juin 2019). En Auvergne-Rhône-Alpes, on notera par exemple les records absolus battus à Chambéry (40,5°, les premiers 40 degrés de son histoire), à Ambérieu (41,2°) ou encore à Vinsobres, dans la Drôme (43°).
Certaines stations météo historiques, de référence, car disposant des relevés les plus fiables et les plus anciens, ont aussi battu leur record absolu de chaleur, qui datait souvent de la canicule d'août 2003. Ainsi, une nouvelle climatologie s'établit à Orange (42,7°, avec une série inédite de 4 jours à plus de 40 degrés), à Lyon-Bron (41,4°), à Toulouse-Blagnac (42,4°), ou encore à Montauban (42,6° relevés jeudi 24 août, nouveau record absolu qui bat les 41,9° d'août 2003, pour une station ouverte en 1865). Inutile de préciser par ailleurs que certaines stations ont battu leur record absolu deux ou trois journées de suite...
Quelques faits marquants
Le premier bilan de cette canicule exceptionnelle ne serait pas complet sans évoquer les températures minimales, et donc nocturnes, qui ont accablé tant d'organismes. La palme revient à la ville de Menton, dans les Alpes-Maritimes, où le thermomètre n'est jamais descendu en-dessous de 30,4° la nuit du 23 août 2023, nouveau record absolu, à un dixième du record national (30,5° à Marignana, en Corse, en août 2017).
D'autres stations comme Toulouse (27,4°) ou Bordeaux (26,2°) ont aussi battu leur record absolu de température minimale élevée. Sans oublier certains phénomènes de "heatburst" (comme un effet sèche-cheveux sous un vent fort) qui ont parfois fait monter la température au petit matin à plus de 30 degrés, comme dans les Deux-Sèvres le 24 août.
Enfin, de nombreux records ont également été battus en altitude, où l'isotherme zéro degré était d'ailleurs exceptionnellement haut. C'est le cas par exemple à Termignon La Vanoise, à 1280m en Savoie, avec 34,9°, mais surtout en haut du Mont Aigoual, à 1567m dans le Gard, où les 30 degrés ont été atteints (30,4°) pour la première fois depuis 1894. Une canicule qui restera sans doute dans les annales de la climatologie, et qui malheureusement n'est qu'un avant-goût de ce qui nous attend d'ici 2100...