Réchauffement : combien restera-t-il de glaciers sur Terre en 2100 ?
C'est une terrible prévision : une étude estime que si l'objectif le plus ambitieux de l'accord de Paris est réalisé, environ la moitié des glaciers sur Terre disparaîtront malgré tout d'ici la fin du siècle, dont la totalité des plus petits. Les glaciers restants auront-ils une réelle chance de survivre ?
Les effets du réchauffement climatique sont de plus en plus visibles, et les prévisions pour la fin du siècle sont encore moins réjouissantes... Une étude publiée le 6 janvier dans la revue Science estime quasiment inéluctable la disparition de la moitié des glaciers sur notre planète d'ici 2100. Et encore, il ne s'agit que du scénario le plus optimiste...
Les plus petits glaciers condamnés à coup sûr
L'étude en question se projette à l'horizon 2100 sur l'avenir des 215.000 glaciers présents sur Terre. Un peu comme l'ont fait les experts du GIEC, les scientifiques ont imaginé plusieurs scénarios de hausse des températures sur Terre (+1,5°C, +2°C, +3°C et +4°C). Le résultat est sans appel : si le réchauffement planétaire est limité à 1,5°C, soit l'objectif le plus ambitieux de l'accord de Paris, alors 26% de la masse totale de glace disparaîtra de la surface terrestre d'ici 2100, soit en fait 49% des glaciers. Le tout aboutira à une hausse d'environ 9 centimètres du niveau de la mer (sans compter celle liée à la fonte des calottes glaciaires).
La quasi-totalité des petits glaciers serait également amenée à disparaître, et cela quelque soit le scénario retenu de hausse des températures : ainsi, il ne devrait presque plus rester de glace dans les Alpes, le Caucase, les Andes ou dans l'Ouest des Etats-Unis... "Ces glaciers-là sont plus ou moins condamnés", estime Regine Hock, professeure à l'université d'Oslo et co-autrice du rapport.
Sachons aussi envisager le pire : avec une hausse des températures atteignant 4°C, ce sont cette fois-ci les plus grands glaciers qui seraient davantage touchés : 41% de la glace présente sur Terre disparaîtrait, 83% des glaciers au total. Les grands glaciers d'Alaska seraient alors en danger, et globalement, il faudrait s'attendre à une hausse supplémentaire de 15 centimètres du niveau de la mer, d'où des risques de submersion et d'inondation accrus lors des tempêtes.
Peut-on limiter la catastrophe ?
Les projections proposées par l'étude sont bien plus alarmantes que celles du GIEC (concernant la fonte des glaces), car elles prennent en compte de nouvelles données, comme l'effet de la couverture des glaciers par des débris, ou encore celui du détachement d'icebergs en mer. Par ailleurs, les glaciers étudiés sont bien plus sensibles que les autres types d'étendues de glace, car ils sont souvent situés dans des régions où la température est proche du zéro degré (le point de fonte).
Avec un réchauffement mondial pour le moment estimé à 2,7°C, la "déglaciation" serait presque complète en Europe centrale, dans l'Ouest du Canada et des Etats-Unis ainsi qu'en Nouvelle-Zélande. Les conséquences seraient évidemment désastreuses pour la ressource hydrique, puisque 2 milliards de personnes aujourd'hui sont alimentées en eau par les glaciers. Seront aussi affectés le tourisme autour des petits glaciers (bientôt inexistants, donc), ainsi que la circulation des bateaux, rendue plus difficile sur des rivières plus basses.
Regine Hock estime qu'il est encore possible de limiter la catastrophe, mais que tout cela "dépend des décideurs politiques". Les chercheurs de l'étude jugent que les autres glaciers restants pourraient être sauvés si le réchauffement de la planète était limité au maximum. Une petite lueur d'espoir existe, donc, et les prochaines années seront cruciales pour l'avenir de nos glaciers et de la ressource en eau...