Réchauffement climatique : la bactérie "mangeuse de chair", une menace ?
Les scientifiques alertent : le réchauffement climatique pourrait entraîner la propagation d'infections potentiellement mortelles. Dans leur viseur notamment, une bactérie déjà présente sur la côte Est des Etats-Unis, appelée "mangeuse de chair".
Après le Covid-19, risque-t-on de voir proliférer des bactéries potentiellement mortelles ? Oui, à en croire une étude anglaise publiée dans la revue Scientific Reports, qui s'est intéressée à la bactérie Vibrio vulnificus. Déjà présente sur la côte Est des Etats-Unis, elle pourrait provoquer des infections de plus en plus fréquentes dans les vingt prochaines années, avec des conséquences dramatiques pour les personnes touchées.
La "mangeuse de chair" tue 1 personne sur 5
L'objet de cette étude, c'est donc la bactérie Vibrio vulnificus. Elle peut nous infecter en pénétrant notre organisme lorsque nous ingérons des fruits de mer ou buvons de l'eau contaminée, mais pas seulement : c'est le cas aussi lors d'une baignade lorsque l'eau où la bactérie prolifère entre en contact avec une plaie, par exemple une coupure. Pour le moment, elle se développe essentiellement dans les eaux chaudes et salées de la côte du Golfe du Mexique, notamment au Texas, en Louisiane, au Mississippi, en Alabama et en Floride.
Les conséquences pour les personnes infectées sont très importantes, à tel point qu'on surnomme cette bactérie la "mangeuse de chair" : elle ronge la peau, les muscles, les nerfs, la graisse mais aussi les vaisseaux tout autour des plaies, ce qui peut aboutir à des nécroses. Les données du CDC (Centers for Disease Control and Prevention) aux Etats-Unis sont frappantes : 1 cas d'infection sur 5 est mortel, et de nombreux malades doivent être amputés pour éviter la septicémie.
Deux fois plus d'infections d'ici 2040
Ces mêmes données du CDC nous indiquent qu'entre 1988 et 2018, les infections dues à cette bactérie ont été multipliés par 8 sur la côte Est américaine, passant de 10 à 80 par an, une augmentation directement en lien avec le réchauffement des eaux de surface, et donc avec le réchauffement climatique. Par ailleurs, les cas d'infection se propagent également bien plus au Nord désormais, concernant de nouvelles régions auparavant épargnées.
Les chercheurs de l'Université d'East Anglia, auteurs de l'étude, ont évalué la prolifération de cette bactérie en fonction de différents niveaux d'émissions de gaz à effet de serre. Le résultat est inquiétant : les infections liées à la bactérie "mangeuse de chair" vont s'intensifier dans les vingt prochaines années, avec dès 2040 environ 140 à 200 infections par an, pour le scénario d'émissions le plus pessimiste, autrement dit un doublement des cas. Tous les Etats de la côte Est américaine pourraient être touchés, y compris celui de New York.
Evidemment, le nombre de cas reste faible rapporté à la population, la maladie n'étant pas fréquente, mais le coût estimé des soins nécessaires atteint quand même déjà 28 millions de dollars par an aux Etats-Unis. Compte tenu des interactions entre l'environnement et les agents pathogènes, tout indique que le réchauffement climatique en cours va entraîner la prolifération de nouvelles ou actuelles bactéries, avec à la clé une menace sérieuse pour la santé humaine, et sans doute dans des zones géographiques aujourd'hui épargnées…