Réchauffement à 3,1°C en vue : quelles nations paieront le prix de l'inaction ?

Les politiques climatiques actuelles mènent à un réchauffement de 3,1°C d’ici 2100, selon l'ONU. À la veille de la COP29, quels pays supporteront le poids des catastrophes climatiques en cascade ?

Les pays insulaires, les États d'Afrique subsaharienne et certaines régions asiatiques, qui contribuent peu aux émissions mondiales, seront en première ligne pour affronter la montée des eaux et les phénomènes climatiques extrêmes.
Les pays insulaires, les États d'Afrique subsaharienne et certaines régions asiatiques seront en première ligne pour affronter les phénomènes climatiques extrêmes.

La planète file tout droit vers un réchauffement d’environ 3,1°C d’ici la fin du siècle, d’après le dernier rapport du Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE). Cette prévision est dramatique : sécheresses, montée des eaux, cyclones et autres catastrophes seraient de plus en plus fréquents, touchant en premier lieu les pays vulnérables. À l’aube de la COP29, les regards se tournent vers Bakou, où se dessine, en partie, notre avenir climatique.

Un scénario de réchauffement dévastateur

L’augmentation des émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES), +1,3 % entre 2022 et 2023, est incompatible avec les objectifs de l’Accord de Paris, qui vise à limiter le réchauffement à 1,5°C, et dans le pire des cas, à 2°C. Pour contenir le réchauffement à 1,5°C, une réduction drastique des émissions, de 7,5 % par an d’ici 2035, serait nécessaire, une trajectoire pour le moins ambitieuse.

Faute d’actions plus marquées, ce sont les 3,1°C qui nous attendent, un niveau aux conséquences irréparables pour des centaines de millions de vies.

Qu'en est-il des gros pollueurs ?

Les pays du G20, qui regroupent les plus grandes économies mondiales, représentent près de 80 % des émissions de GES. Cette part leur confère une responsabilité importante dans la transition vers une économie décarbonée.

Or, selon les chiffres actuels, aucun membre de ce groupe n’a réduit suffisamment ses émissions pour rester dans une trajectoire compatible avec les 1,5 °C. Ce sont pourtant ces grandes nations, en particulier celles aux ressources abondantes en énergies fossiles, qui peuvent influencer significativement l’évolution des températures mondiales.

En novembre, la COP29 qui se tiendra à Bakou, en Azerbaïdjan, pays producteur de pétrole et de gaz, pose un dilemme évident. Ce choix de lieu, après la COP28 aux Émirats arabes unis, suscite des interrogations. Bakou, avec ses ressources en hydrocarbures, souligne l’ambiguïté des engagements de certains pays riches, qui d’un côté souhaitent maintenir leur économie fossile, tout en prétendant agir pour le climat.

Il est légitime de se demander si un changement profond de paradigme est possible quand les intérêts économiques de ces pays semblent contradictoires avec l’urgence climatique.

Quel avenir pour les pays les plus vulnérables ?

Ce scénario climatique pèse lourdement sur les pays en développement, souvent les moins émetteurs, mais les plus exposés aux conséquences du réchauffement climatique. Inondations, sécheresses, pertes agricoles, pauvreté accrue…

Le coût de l’inaction des pays riches sera d’abord payé par ceux qui n’ont pas les ressources pour se protéger. Cette inégalité est au cœur des débats à Bakou : il est impératif que les grandes puissances augmentent significativement leur financement pour les aider à faire face aux impacts climatiques.

Les discussions autour des Contributions Déterminées au niveau National (NDC), qui fixent les engagements des États pour réduire leurs émissions, s’annoncent décisives. Or, ces engagements doivent aller au-delà de simples promesses : ils doivent être concrets, financés et alignés avec l’objectif de 1,5°C. Le financement climatique est ici essentiel pour que ces pays puissent entreprendre une transition durable et protéger leurs populations.

Un coût pour tous

Les impacts du réchauffement climatique transcendent toutes les frontières. À 3,1°C, aucun pays, qu’il soit riche ou pauvre, ne serait épargné par des perturbations massives, mettant en péril les systèmes économiques, la biodiversité et, plus tragiquement, des vies humaines.

Cependant, il est essentiel de souligner que les pays insulaires, les États d'Afrique subsaharienne et certaines régions asiatiques, qui contribuent peu aux émissions mondiales, seront en première ligne pour affronter la montée des eaux et les phénomènes climatiques extrêmes.

Ce déséquilibre souligne l’urgence de la justice climatique : les pays responsables doivent prendre leur part de responsabilité pour protéger les plus démunis. Les choix des nations les plus influentes à la COP29 auront des répercussions sur l’avenir de tous. Le monde est à un tournant, et il n’est pas encore trop tard pour choisir la voie de la résilience et de la coopération.

Un plaidoyer pour des actions concrètes

Face à l’urgence, les États doivent faire preuve d’une volonté politique sans faille à la COP29. En 2023, le président de la COP29, Moukhtar Babayev, avait pourtant assuré que son pays continuerait d’augmenter sa production de gaz, évoquant le gaz comme une « énergie de transition ». Ce discours illustre les divergences au sein même des gouvernements : certains semblent encore hésiter entre des engagements réels et la continuité d’une économie fossile.

En adoptant une approche de solutions, chaque État devrait être encouragé à adopter des politiques ambitieuses et à investir massivement dans les énergies renouvelables.

Les engagements financiers, un point central de cette COP29, visent précisément à garantir une transition équitable et juste. Sans une aide financière substantielle, nombre de ces nations risquent de subir les pires conséquences de la crise climatique sans en être la cause majeure.

Références : Le monde se dirige vers un réchauffement de 3,1°C en 2100

À la une