Quels sont les pouvoirs insoupçonnés des champignons sur l'environnement ?
Des millions d'espèces de champignons cohabitent sur notre planète, et leurs pouvoirs insoupçonnés pourraient nous permettre de lutter contre la pollution et le réchauffement climatique. Tous leurs secrets sont enfouis dans le mycélium, le réseau souterrain qui les relie aux arbres.
Tous aux champignons ! Si la saison est désormais terminée, de plus en plus de scientifiques estiment qu'on accorde trop peu d'importance à ces trésors de nos forêts. Et pourtant, leurs pouvoirs insoupçonnés vont vous étonner : le réseau souterrain qu'ils tissent pour se relier aux arbres est essentiel pour la biodiversité et le cycle du carbone.
Le mycélium, "autoroute nutritive"
Ce réseau souterrain s'appelle le mycélium : méconnu du grand public et malheureusement peu évoqué dans les travaux des experts climatiques, il est apparu il y a plusieurs millions d'années et, à y regarder de plus près, il est vraiment fascinant. Environ 80% des végétaux entourant les champignons forment une symbiose avec ce mycélium pour pouvoir se développer, se nourrir, communiquer mais aussi résister aux attaques des parasites.
Ces sortes de filaments constituent la partie végétative des champignons, avec des ramifications très développées. On considère qu'un gramme de terre peut contenir jusqu'à 90 mètres de mycélium : ce réseau sous-terrain s'étend donc à l'échelle de la planète sur plusieurs milliers d'hectares.
Ainsi, le mycélium des champignons interagit avec les racines des arbres ou des plantes : les végétaux nourrissent les champignons avec du CO2, et ces derniers leur fournissent du phosphore et des nutriments qu'ils puisent ou captent dans le seul. Le tout, par l'intermédiaire de longs filaments blancs appelés les "hyphes", forme ainsi une véritable "autoroute nutritive vivante", comme l'explique la biologiste Toby Kiers. Selon les essences et les latitudes, la structure des échanges diffère : ainsi, dans les régions fraîches, le mycélium entoure les racines des arbres, alors que dans les régions chaudes et humides, il les pénètre.
La survie des arbres en jeu !
Finalement, le mycélium agit comme une extension des racines des arbres, en allant chercher les nutriments nécessaires à leur survie. Un rôle essentiel en cas de sécheresse, mais pas seulement ! En effet, les filaments de certains champignons ont aussi comme pouvoir de capter et fixer les métaux lourds : ceux-ci ne peuvent donc plus intoxiquer les milieux et les arbres en surface. Enfin, les champignons dégagent des signaux chimiques qui protègent les plantes des attaques de parasites ou de nuisibles.
Cerise sur le gâteau, le mycélium, dans le processus d'échange avec l'arbre, capte du CO2 et le fixe dans le sol, soit en développant ses filaments très profondément, soit en créant une sorte de liquide suintant appelé "exsudat fongique", qui en plus va permettre de retenir l'eau et ainsi lutter contre l'érosion des sols. En décomposant la matière organique, on estime que cet écosystème arbre-mycélium capte huit fois plus de carbone que les autres.
Le problème, c'est que le réchauffement climatique et l'activité humaine menacent cet écosystème. D'une part, l'urbanisation, la déforestation et la disparition des prairies et espaces verts mettent en danger l'existence même de cette relation arbre-champignon. L'utilisation de produits phytosanitaires, nocifs pour le mycélium, n'arrange rien. D'autre part, la multiplication des canicules et des incendies participe à la destruction de ce réseau de filaments : un cercle vicieux qui aboutit en conséquence à la libération des gaz à effet de serre enfouis dans le sol... Les champignons, nos alliés, doivent donc être préservés, pour capter le carbone et sauver la biodiversité en danger : la hausse des températures entraîne déjà la disparition de nombreuses espèces d'arbres, et avec elles celle, alarmante et rapide, des réseaux de mycélium...