Quelles promesses ont été tenues à la COP29 ?

La COP29 à Bakou a été le théâtre de grandes ambitions, mais aussi de profondes déceptions : 300 milliards de dollars pour les pays du Sud, marchés carbone, énergies fossiles, droits humains...Quels en seront les véritables impacts ?

La COP29 a révélé les tensions autour des financements climatiques nécessaires pour lutter contre le changement climatique. @NaturaSciences
La COP29 a révélé les tensions autour des financements climatiques nécessaires pour lutter contre le changement climatique. @NaturaSciences

La COP29 à Bakou, bien qu’important sur certains aspects, a laissé un goût amer pour de nombreux acteurs du climat. Le Secrétaire exécutif des Nations Unies pour le changement climatique, Simon Stiell, a reconnu qu’aucun pays n’a obtenu tout ce qu’il voulait et que beaucoup reste à faire.

Des promesses financières concrètes ?

Les pays développés ont annoncé un triplement du financement climatique pour les pays du Sud, avec un objectif de 300 milliards de dollars par an d’ici 2035. Un objectif qui rappelle celui de 2009 à Copenhague, où 100 milliards de dollars par an à partir de 2020 avait été promis....et jamais tenus.

Ces pays, qui sont désormais les plus touchés, réclamaient initialement 1000 milliards de dollars annuels d’ici 2030 ; ils dénoncent cette offre, la qualifiant d’"insultante". L’accord propose de trouver des financements à travers des sources publiques et privées, y compris des taxes sur les secteurs polluants comme l’aérien, le maritime, ou encore les milliardaires et entreprises pétrolières.

Mais malgré ces pistes, le financement reste bien en deçà des besoins réels. Le G77 + la Chine demandent, pour leur part, un objectif de 1300 milliards de dollars par an d’ici 2030, financé principalement par des subventions et non des prêts, afin de ne pas alourdir la dette des pays vulnérables.

Pour les ONG, l'accord est loin de répondre à l'urgence climatique. Gaïa Febvre, du Réseau Action Climat, n'hésite pas à parler de "trahison" envers les populations vulnérables et les générations futures, alors que les catastrophes anthropiques de 2023 ont engendré des pertes de 280 milliards de dollars.

Marchés carbone : une avancée controversée

Après neuf ans de négociations, les règles encadrant les marchés de crédits carbones ont été adoptées à Bakou. Ces crédits, censés compenser les émissions, sont désormais ouverts aux pays et entreprises. L'accord visait à rendre ces marchés plus transparents, sous la supervision de l'ONU.

Cependant, des experts, comme Isa Mulder de Carbon Market Watch, mettent en garde contre leur potentiel de greenwashing. Le manque de mécanismes solides pour éviter les abus pose la question de leur efficacité réelle pour réduire les émissions globales.

Atténuation, un sujet bloqué ?

L'atténuation du changement climatique a été l'un des points les plus conflictuels de la COP29. Le programme lancé à la COP27 n’a guère progressé, notamment en raison de l'opposition de certains pays producteurs de pétrole, comme l’Arabie saoudite, qui a empêché des discussions substantielles sur la sortie progressive des combustibles fossiles.

En conséquence, l’objectif de limiter le réchauffement à 1,5°C a été largement ignoré. Selon le rapport Emissions Gap 2024, avec les efforts actuels, la planète pourrait se réchauffer de 3,1°C d'ici la fin du siècle, bien au-delà de la cible. Les retards sur l'atténuation laissent entrevoir des conséquences dramatiques pour les années à venir.

Les droits humains en suspens…

Les droits humains et l’égalité des genres dans le cadre de l’action climatique ont également été un terrain de compromis difficile à Bakou.

Bien que des progrès aient été réalisés en matière de reconnaissance des droits des femmes et de la diversité de genre, les pays les plus conservateurs ont limité ces avancées. En particulier, la Russie et certains pays du Golfe ont empêché l’adoption de termes incluant "l’intersectionnalité" et la mention des "femmes dans toute leur diversité."

La question des droits humains a été un autre point de friction, avec certains États tentant d’en effacer toute mention. Si cette dernière a été finalement maintenue, elle a illustré la difficulté d'intégrer des principes de justice sociale dans les négociations climatiques.

Et après, quels enjeux pour la COP30 ?

Le regard est désormais tourné vers la COP30 qui se tiendra en 2025 à Belém, au Brésil. Ce sommet, marquant les dix ans de l'Accord de Paris, sera crucial pour renforcer l'ambition climatique mondiale.

Cependant, la réélection de Donald Trump et la montée des tensions géopolitiques pourraient compliquer l’ambiance des négociations. Dans tous les cas, les prochaines négociations seront décisives pour déterminer si les promesses de Bakou pourront réellement se concrétiser.

Sources : Bilan COP29 : ces défaites qui ont émaillé le sommet

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