Quelles espèces d'arbres ne devraient pas résister au réchauffement climatique en France et en Europe ?

Le réchauffement climatique devrait durement impacter nos forêts dans les prochaines décennies, si bien qu'il est important de déterminer quelles espèces d'arbres seront capables de survivre aux modifications du climat.

Forêt
Le changement climatique impact de plus en plus nos forêts françaises et européennes, si bien que de nombreuses espèces d'arbres pourrait ne pas parvenir à survivre d'ici la fin du siècle

Selon une récente étude publiée dans Nature Ecology et Evolution, seules neuf espèces d'arbres pour chaque kilomètre carré de forêt devraient être capables de survivre aux conséquences du changement climatique en Europe d'ici la fin du siècle.

Reforester à outrance n'est pas forcément une solution miracle

Même si cette technique est aujourd'hui très régulièrement utilisée dans nos forêts françaises et européennes, replanter des arbres de façon massive n'est pas forcément une bonne solution pour notre environnement. En effet, les arbres qui sont plantés aujourd'hui doivent être capables de survivre aux conditions climatiques actuelles et futures.

Par exemple, les nouveaux arbres introduits dans nos forêts doivent pouvoir résister aux épisodes de froid et de gel hivernaux mais également printaniers, tout en prenant en considération que le réchauffement climatique nous apportera des températures bien plus chaudes d'ici la fin du 21ème siècle.

Des chercheurs de l'université de Vienne et de l'université technique de Munich ont ainsi cherché à déterminer, parmi les 69 espèces d'arbres les plus communes dans les forêts d'Europe, celles qui pourraient être les plus à même de résister aux conséquences d'un scénario de réchauffement climatique modéré (RCP 2,6) ou sévère (RCP 8,5).

Leur étude conclut notamment que, pour chaque kilomètre carré de forêt européenne, seules neuf essences semblent en capacité de survivre d'ici à la fin du 21ème siècle. Un chiffre bien trop peu important, qui représente entre le tiers et la moitié de celles présentes actuellement. Le Royaume-Uni serait d'ailleurs la région la plus à risque, avec seulement quatre espèces adaptées au changement climatique, comme par exemple le chêne pédonculé.

Un résultat insuffisant pour constituer des forêts diversifiées

D'après les scientifiques, ce résultat est nettement insuffisant pour constituer des forêts diversifiées. Les forêts composées de nombreuses espèces d'arbres sont en effet une mesure importante pour les rendre plus résistantes aux maladies ou aux insectes nuisibles. Ainsi, un écosystème trop peu diversifié est de ce fait plus fragile et est plus à risque de dépérir.

De plus, en moyenne, seules trois espèces d'arbres sur les neuf considérées comme adaptées rempliraient le trio de fonction essentielles prises en compte par l'étude, à savoir la capacité à séquestrer du carbone, à fournir du bois pour l'industrie ou simplement à accueillir ou à alimenter la faune locale.

Il est toutefois important de noter que cette étude n'a pas prise en compte les interactions entre les différents espèces d'arbres mais également les processus d'adaptation comme la migration, les réactions au climat ou la variation intraspécifique. Ainsi, ces résultats pourraient être plus pessimistes qu'il n'y paraît, bien qu'il restent très importants à prendre en compte pour tenter d'atténuer les effets du changement climatique sur nos forêts.

Selon cette étude, la France serait loin d'être épargnée par ces effets, qui sont d'ailleurs déjà visibles aujourd'hui. D'après le Département de Santé des Forêts, 670 000 hectares sont actuellement considérés comme dépérissants, ce qui représente 5% de la surface totale des forêts françaises et une surface équivalente à environ la moitié de la région Île-de-France. Trois essences en particulier ont d'ailleurs été identifiées comme présentant le plus de mortalité en 2023 : l'épicéa, le châtaignier et le frêne.

À la une