Quelle est l'ampleur de la déforestation en Amazonie sur ces 40 dernières années ?

Même si la déforestation en Amazonie est un sujet revenant régulièrement dans les médias, il est toutefois difficile de se faire une idée précise de son ampleur. C'est ce qu'a pu effectuer le RAISG à partir des données satellitaires des 40 dernières années.

Amazonie
L'ampleur de la déforestation sur les 40 dernières années en Amazonie est véritablement impressionnante, et celle-ci continue de s'aggraver

On évoque souvent la déforestation importante que subit l'Amazonie depuis maintenant plusieurs décennies, mais quelle est sa véritable ampleur ?

La forêt progressivement remplacée par l'Homme

Le Réseau amazonien d'information socio-environnementale et géographique (RAISG), un collectif de chercheurs et d'ONG ont analysé les données satellitaires afin de définir précisément la surface de forêt amazonienne détruite par l'Homme entre 1985 et 2023. D'après ces chercheurs, les résultats de leur étude sont très alarmants.

Ces spécialistes font en effet état d'une transformation accélérée ces dernières décennies en Amazonie, identifiant une augmentation très importante de l'usage du sol auparavant occupé par la forêt pour y installer notamment des mines (+ 1 063%), des cultures (+598%) ou encore de l'élevage (+297%).

Cette utilisation des sols par l'Homme a entraîné une importante baisse de la biodiversité en Amazonie. Un grand nombre d'écosystèmes ont en effet disparu depuis une quarantaine d'années pour laisser place à de grandes étendues de pâturages, de champs de soja ou autre monocultures ou encore se sont transformés en cratères pour l'extraction de l'or ont alerté les scientifiques.

Outre ces paramètres environnementaux déjà importants, la déforestation amazonienne entraîne également des problèmes à plus grande échelle. Avec la perte de la forêt, de plus grandes quantités de carbone sont émises dans l'atmosphère, ce qui bouleverse un écosystème régulant le climat et le cycle hydrologique régional, accentuant, selon les scientifiques, le risque d’événements extrêmes (inondations, incendies, vagues de chaleur) sur le Sud de l'Amérique mais également sur une plus large partie du globe.

Une surface détruite particulièrement importante depuis 40 ans

Malgré les efforts de pays comme le Brésil ou la Colombie pour réduire la déforestation en Amazonie ces dernières années, celle-ci continue à un rythme particulièrement important. En 2023, ce sont plus de 3,8 millions d'hectares de forêt tropicales qui ont été déboisés sur la région, une surface quasiment aussi importante que celle de la Suisse, du jamais vu en eux décennies.

D'après les données satellitaires utilisées par le RAISG, la déforestation a ainsi détruit 12,5% de la couverture végétale de la plus grande forêt tropicale de la planète en quasiment 40 ans, entre 1985 et 2003. Ce pourcentage représente 88 millions d'hectares déboisés sur l'Amazonie durant cette période, une surface supérieure à celle de la France (55 millions d'hectares) et quasiment égale à celle du Venezuela (91 millions d'hectares) !

Cette déforestation particulièrement importante a donc des conséquences notables sur une large partie de l'Amérique du Sud mais également sur le monde entier. Par exemple, certains affluents de l'Amazone sont à leur niveau le plus bas depuis des décennies du fait de la disparition de la forêt, ce qui menace le mode de vie de 47 millions de personnes vivant sur leurs rives.

Néanmoins, les conséquences les plus inquiétantes de cette déforestation excessivement importante se manifestent au niveau mondial. La forêt amazonienne, souvent surnommée « le poumon de la planète », produit en effet environ 10% de l'oxygène que nous respirons selon les chercheurs, en plus de réguler notre climat en absorbant d'importantes quantités de Co2 atmosphérique.

Or, lorsque les arbres sont coupés et/ou brûlés, le CO2 qu'ils ont stocké est de nouveau rejeté dans l'atmosphère, la forêt devient alors contre-productive et l'équilibre est rompu. Sous l'effet du déboisage intensif, la forêt amazonienne pourrait devenir incapable de jouer son rôle primordial pour le climat mondial, à savoir absorber plus de CO2 qu'elle n'en émet, ce qui a pour conséquence d'aggraver les phénomènes climatiques à l'échelle de la planète.

À la une