Quelle est cette méthode insolite utilisée par la ville de Bangkok pour réduire sa pollution atmosphérique ?
La ville de Bangkok a décidé de pulvériser de l'eau froide et de la glace carbonique dans l'atmosphère afin de tenter de réduire les niveaux de pollutions aux particules fines, particulièrement élevés en saison sèche.
Afin de réduire la pollution atmosphérique de sa capitale, la Thaïlande a imaginé une solution plutôt insolite et encore controversée, pulvériser de l'eau glacée ou de la glace carbonique dans l'atmosphère.
Une pollution particulièrement importante
La ville de Bangkok, plus grande ville et capitale de la Thaïlande avec ses 9 millions d'habitants, fait régulièrement face à des épisodes de pollution particulièrement importants et dangereux pour la santé de sa population.
C'est notamment le cas à partir du mois de décembre, ce qui correspond au début de la saison sèche, où un épais nuage toxique enveloppe la ville de façon récurrente. Celui-ci, issu des émissions des véhicules, des industries mais également des brûlis agricoles, peut persister durant plusieurs mois sur le secteur avec une qualité de l'air s'en retrouvant quotidiennement très dégradée.
Ainsi, la Thaïlande a décidé d'agir pour lutter contre cette pollution, néanmoins par une méthode assez insolite. Depuis maintenant un an, la capitale thaïlandaise a décidé de pulvériser par avion dans l'atmosphère de l'eau glacée et/ou de la glace carbonique, une méthode qui, selon les autorités, devrait libérer les millions d'habitants du secteur de ce brouillard dangereux pour leur santé.
Refroidir l'atmosphère pour éliminer la couche d'inversion
Les autorités thaïlandaises se sont concentrées sur le phénomène d'inversion, une variation des températures en fonction de l'altitude qui agit comme un couvercle en bloquant l'air pollué au-dessus de la capitale durant la saison sèche et provoque donc l'accumulation des polluants en basses couches.
Ainsi, de petits avions pulvérisent deux fois par jour depuis maintenant plusieurs mois à 1500m d'altitude des produits censés refroidir cette couche d'inversion et donc permettre au couvercle de se disloquer et aux particules fines de se diffuser plus facilement hors de la ville. Certains jours, ces avions rejettent donc jusqu'à une tonne d'eau glacée dans l'atmosphère, d'autres jours, ceux-ci y déversent du dioxyde de carbone sous forme solide, aussi appelé glace carbonique ou glace sèche.
Le pays n'en est d'ailleurs pas à son coup d'essai en terme de géoingénierie, la Thaïlande disposant depuis maintenant plusieurs décennies d'un service d'aviation royale en charge de la pluie artificielle, associé à l'ancien roi Rama IX, qui en aurait eu l'idée dans les années 1950 afin d'aider les agriculteurs contre les sécheresses successives.
Une méthode controversée
Néanmoins, la solution choisie de nos jours pour lutter contre la pollution de Bangkok est loin d'être unanimement acceptée. Outre le fait que celle-ci soit unique à la Thaïlande, il n'existe aujourd'hui pas de preuves suffisantes de son efficacité tout comme il n'existe pas d'études montrant ses conséquences potentielles sur l'environnement et la population locale.
En effet, le CO2 est l'un des principaux gaz à effet de serre et contribue au réchauffement climatique, il semble donc inconscient d'en injecter directement dans l'atmosphère, même sous forme de glace carbonique.
Également, certains mettent en avant le fait que cette méthode contourne le véritable problème. Il serait plus rentable pour Bangkok d'appliquer de réelles mesures s'attaquant aux causes de la pollution, comme instaurer des zones de circulation à faibles émissions, un contrôle des brûlis agricoles en saison sèche ou encore renforcer les normes antipollution des industries autour de la ville.
Le budget alloué à ses vols de pulvérisation d'eau glacée ou de glace carbonique est en effet important, s'élevant à environ 50 000 bahts par vol, soit 1 400€. Or, ce budget non négligeable pourrait servir à d'autres initiatives luttant elles aussi contre la pollution, comme par exemple le développement du réseau de véhicules électriques à travers la ville.
Référence de l'article :
Pour réduire la pollution, Bangkok fait tomber la pluie, Geo et AFP, 26 janvier 2025