Quel est ce brouillard toxique qui a envahit la deuxième plus grande ville du Pakistan ?

La deuxième ville du Pakistan est envahie depuis plusieurs jours par un brouillard toxique, le smog, obligeant les autorités à fermer les écoles du secteur pendant au moins une semaine.

Smog
Lahore au Pakistan est régulièrement envahie par le smog, toutefois, celui-ci se montre particulièrement toxique en ce début novembre

Lahore, la deuxième ville du Pakistan, va fermer durant une semaine ses écoles afin d'éviter d'exposer ses millions d'habitants au smog, un brouillard de pollution toxique qui atteint des records.

Des niveaux de pollution records

Ce dimanche 3 novembre, les autorités de la ville de Lahore ont annoncé que la ville allait fonctionner au ralentit durant au moins une semaine. En effet, depuis plusieurs jours, un brouillard permanent englobe la ville, causé par des taux de pollutions historiques.

Le taux de particule fine dans l'air est devenu en fin de semaine dernière 40 fois supérieur à la concentration jugée acceptable par l'Organisation mondiale de la santé, obligeant les 14 millions d'habitants de la deuxième ville du Pakistan à porter un masque dès que ceux-ci sortent de chez eux.

Ce « smog » historique s'explique à la fois par des émissions polluantes émanant des nombreux véhicules du secteur, par la combustion du charbon combinés aux brûlis agricoles saisonniers mais également par des conditions météorologiques particulières. La région est effectivement exposée durant plusieurs jours à des vents faibles, ne permettant pas le brassage de l'atmosphère au-dessus de la ville, dans un contexte de baisse des températures. L'air froid, plus dense, s'accumule en effet dans les basses couches, ce qui plaque la pollution près du sol et l'empêche aussi de s'évacuer de la ville.

De ce fait, les autorités ont annoncé que les écoles resteraient fermées toute cette semaine et que les activités sportives seraient suspendues durant une période encore plus longue, au moins jusqu'à la fin du mois de janvier 2025. Ce brouillard toxique est en effet dangereux, notamment pour les personnes les plus fragiles, pouvant déclencher des troubles respiratoires, cardiaques ou même ds AVC.

Un phénomène de ce type pourrait-il se produire en France ?

Le Pakistan et l'Inde sont malheureusement assez habitués aux importants épisodes de smog. Durant l'hiver, les hautes pressions se bloquant sur la région piègent en effet régulièrement les particules fines issues des activités humaines dans les basses couches de l'atmosphère, entraînant la formation de ces brouillards dangereux pour la population locale.

Bien heureusement, un pic de pollution aussi intense ne pourrait vraisemblablement plus se produire sur le continent européen de nos jours. La France et l'Europe ne sont en effet plus dans le même contexte énergétique que le Pakistan ou l'Inde et il est extrêmement rare que ceux-ci atteignent les taux régulièrement observés dans ces pays asiatiques, même lors des épisodes de hautes pressions durables en hiver.

Par exemple, nous vivons actuellement une période anticyclonique durable favorable aux pics de pollutions aux particules fines sur la France et l'Europe, toutefois les taux sont bien éloignés de ceux observés au Pakistan. Ce lundi 4 novembre, le taux moyen de PM2,5 atteignait 84 en moyenne à Paris alors que celui-ci se situait à plus de 500 le week-end dernier du côté de Lahore !

D'intenses épisodes de smog se sont toutefois déjà produits en Europe dans un passé plus lointain. Durant l'hiver 1952, Londres a par exemple connu un épisode dramatique de brouillard toxique, entraînant entre 4000 et 12 000 décès en l'espace de cinq jours sur le secteur.

Néanmoins, comme évoqué précédemment, ce type d'épisode meurtrier a très peu de chance de se reproduire de nos jours sur notre continent tant les niveaux de pollution atmosphérique ont baissé ces dernières décennies. Selon la revue médicale The Lancer, la mortalité due aux particules fines a en effet reculé de 60% en Europe en seulement 20 ans.

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