Que révèle ce message crypté du XIXème trouvé dans une poche secrète ? Le mystère enfin résolu !
Une archéologue passionnée par la mode ancienne a retrouvé un message écrit sur un bout de papier dans une poche secrète d'une robe du XIXème siècle qu'elle avait achetée dans une boutique d'antiquité.
Sara Rivers Cofield est une américaine passionnée par la mode d'antan. L'archéologue collectionne les robes et les sacs à mains anciens. En 2013, elle tombe sur une magnifique robe brune à crinoline datant du XIXème siècle alors qu'elle chinait dans une boutique d'antiquité du Maine au nord-est des États-Unis.
Une fois chez elle, elle analyse la robe de plus près et découvre dans une poche secrète, cachés entre les coutures de la jupe, des bouts de papiers où sont inscrits plusieurs messages manuscrits. Impossible pour elle de déchiffrer ces petits codes qui semblent n'avoir aucun sens, raconte LeFigaro.
L'archéologue décide alors de poster une photo des papiers sur son blog au cas où quelqu'un saurait ce qu'il signifie : "Je mets (le message) ici au cas où il y aurait un prodige du décodage à la recherche d'un projet." 10 ans s'écoule avant que Wayne Chan, un chercheur de l'Université de Manitoba au Canada, mette fin au mystère !
Liaison dangereuse ou agent secret du XIXème siècle ?
Les amateurs de cryptologie ont longtemps considéré le "cryptogramme de la robe en soie" comme l'un des "50 messages cryptés non résolus" selon la National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA) des États-Unis. Tout le monde y est allé de son hypothèse : du message d'amour au code secret d'espions durant la guerre.
Sur ces bouts de papiers, on pouvait lire par exemple : "Bismark, omit, leafage, buck, bank (...) Calgary, Cuba, unguard, confute, duck, fagan (...) Spring, wilderness, lining, one, reading, novice." Difficile de faire le lien entre une romance interdite ou des mensurations pour commande de robe comme évoqués par certains internautes qui tentaient de déchiffrer le message tant bien que mal.
La théorie la plus probable était liée à l'émergence d'un nouveau mode de communication de l'époque : le télégraphe. La nouvelle infrastructure de communication se répandait à travers le monde au XIXème siècle. La piste du télégraphe était pertinente.
Pour des raisons économiques, les messages transmis par ce mode de communication devait être condensés et abrégés. Chaque profession avait donc ses codes spécifiques. Pour comprendre le sens des phrases, des livres de codes des différents corps de métiers ont été publiés à l'époque.
Alors ? Que signifie cet étrange message ?
Passionné par le craquage de code, Wayne Chan s'est lancé dans la traduction du message mystère. 170 livres de codes télégraphiques plus tard, il feuillette LE livre qui lui permet de trouver la réponse : le Telegraphic Tales and Telegraphic History. Ce dernier comporte une section sur le code météorologique utilisé par le corps des transmissions de l'armée américaine.
Point d'histoire d'amour interdite... Mais plutôt des données météorologiques ! Tous les codes ressemblaient - mot pour mot, c'est le cas de le dire - à ceux du cryptogramme de la robe en soie. En réalité, le message était des "observations météo d'un lieu et d'une heure donnés et qui étaient télégraphiées à bureau central du Signal Service à Washington, DC." raconte LeFigaro.
Ainsi la ligne de code "Bismark, omit, leafage, buck, bank" se traduit :
BISMARK Nom de la station : Bismarck, Territoire du Dakota (actuel Dakota du Nord)
OMIT Température de l'air : 56 F Pression barométrique : 0.08 in Hg
LEAFAGE Point de rosée : 32°F Heure d'observation : 10:00 p.m.
BUCK État du temps : Clair Précipitations : Aucune Direction du vent : Nord
BANK Vitesse actuelle du vent : 12 mph Coucher du soleil : Clair
Malgré tout, le mystère demeure...
Le 14 décembre 2023, soit 10 ans après la publication du message sur le blog de Sara Rivers Cofield, les résultats du décodage du canadien sont publiés dans la revue Cryptologia puis partagés par la NOAA. Certes, le message est enfin élucidé. Mais beaucoup de questions subsistent.
Selon Sara Rivers Cofield, la fameuse robe était une "tenue décontractée" que les femmes pouvaient tout à fait porter au travail. Et selon Wayne Chan, dans les années 1880, de nombreuses femmes travaillaient pour l'Army Signal Service de la capitale américaine...
Pourtant, cela ne répond pas à certaines questions qui constituent une énigme non résolue à ce jour : Pourquoi les codes étaient-ils cachés dans une poche secrète de la robe ? Qui était la femme qui portait cette robe ? Quelle profession exerçait-elle ? La robe de soie n'a pas encore livré tous ses secrets...