Quantité, tenue au sol : pourquoi la neige en plaine est-elle si difficile à prévoir ?
La tempête Caetano apporte, outre le vent fort, un épisode neigeux en plaine sur la France, avec localement des surprises par rapport aux prévisions initiales. Comment expliquer les difficultés à prévoir la neige, même à quelques heures d'échéance ?
La neige a commencé à tomber ce matin en plaine sur le Nord de la Bretagne, la Normandie, l'Île-de-France et la Bourgogne : au total, 33 départements ont été placés par Météo-France en vigilance orange neige-verglas, des cumuls de 2 à 5cm, localement 10, étant attendus sur cette zone, avec des pointes à 15-20cm sur les collines et en Franche-Comté. Avec toujours beaucoup d'incertitudes...
Ce scénario a été très mal anticipé par les modèles de prévisions météo, la zone de neige étant d'abord décalée bien plus au Sud de la Loire, puis remontant au fil des actualisations vers le Nord, mettant parfois la région parisienne en ligne de mire pour les plus gros cumuls de neige. Comment expliquer de telles différences de prévisions à quelques heures du début de l'épisode ?
Un conflit de masse d'air bien vicieux
Ces incertitudes quant à l'arrivée de l'or blanc s'expliquent facilement ! Une situation à neige, c'est souvent une situation à conflit de masse d'air, un choc entre de l'air froid et de l'air bien plus doux. Ainsi, aujourd'hui, l'air doux apporté par la tempête Caetano sur la moitié Sud vient rencontrer l'air froid apporté par le flux d'Est sur la moitié Nord.
À la rencontre de ces deux masses d'air se forme une perturbation, tout l'enjeu étant d'abord de déterminer avec précision son activité, sa localisation et son intensité, en termes de pluie mais aussi de neige. On considère généralement qu'il peut neiger lorsque la température est comprise entre -5 et +1°C. La température de l'air fait donc partie des données complexes de l'équation.
Dans la zone où la température avoisine 0 degré, l'eau peut ainsi passer très rapidement de l'état liquide (la pluie) à l'état solide (la neige), en très peu de temps et parfois en quelques kilomètres seulement. Sans compter la possibilité par moments de neige par isothermie, lorsqu'avec l'intensité et la durée des précipitations, la neige remplace la pluie même par température positive !
Outre la tombée de la neige, il faut aussi prévoir sa tenue et sa quantité... Et ce n'est pas une mince affaire ! Généralement, on considère qu'un millimètre de pluie donnera un centimètre de neige, mais cela est vrai uniquement pour une neige classique et une température de 0°C. Une neige sèche par température négative donnera des cumuls plus conséquents qu'une neige lourde par 1°C.
En fonction de l'état du sol et de sa température (positive ou non), la neige peut plus ou moins bien tenir, occasionnant donc des perturbations aléatoires sur nos vies. Les flocons tiendront plus facilement sur des sols verts, en campagne, sur les toits et les véhicules, sur les collines, plutôt qu'en centre-ville, sur des routes bétonnées et à faible altitude. Un sacré casse-tête pour les prévisionnistes !