Quand une bombe cyclonique booste une rivière atmosphérique, à quoi faut-il s'attendre ?

Les rivières atmosphériques, ces véritables "fleuves du ciel", sont des bandes étroites mais intenses de vapeur d’eau dans l’atmosphère, qui transportent des quantités phénoménales d’humidité, des tropiques vers les régions tempérées.

Elles sont vitales pour l’écosystème, car elles fournissent jusqu’à 50 % des précipitations annuelles dans des régions comme la Californie, où elles remplissent les réservoirs essentiels pour les périodes sèches.

Une situation exceptionnelle ?

Plus fréquentes en automne et en hiver, les rivières atmosphériques se forment lorsque les masses d’air survolent des océans encore chauds, riches en humidité. Si ces phénomènes jouent un rôle crucial pour l’approvisionnement en eau dans certaines régions, leur intensité peut devenir dangereuse lorsqu’ils s’associent à des perturbations atmosphériques intenses.

Justement, une de ces rivières traverse la Californie et est amplifiée par une bombe cyclonique, une dépression extratropicale qui se renforce de manière spectaculaire, avec une chute de pression d’au moins 24 millibars en 24 heures. Ce type d’interaction déclenche des pluies record, des vents tempétueux et un risque accru de catastrophes naturelles.

Certaines régions de la Californie ont reçu plus de 30 cm de pluie en plaine, tandis que des zones montagneuses dépassent un mètre de neige. Parallèlement, les vents soufflent à plus de 110 km/h, provoquant des coupures d’électricité, des dommages matériels et des perturbations majeures.

Quelles conséquences pour la côte Ouest américaine ?

Les pluies intenses saturent rapidement les sols, particulièrement vulnérables dans les zones affectées par des incendies récents. Ces régions, où les sols devenus "imperméables", subissent des glissements de terrain et des coulées de débris, menaçant les habitations et les infrastructures.

La trajectoire d’une rivière atmosphérique peut changer rapidement, rendant les prévisions complexes. Ces oscillations peuvent concentrer les précipitations sur certaines zones, laissant d’autres plus épargnées. Les météorologues suivent de près ces évolutions pour anticiper les risques locaux, mais les impacts demeurent imprévisibles.

Malgré son intensité, cette tempête ne garantit pas une saison humide. En 2021, un événement similaire en octobre avait été suivi d’un hiver étonnamment sec. Un possible phénomène La Niña pourrait encore accentuer la sécheresse à venir.

Un phénomène qui dépasse la Californie

Si la côte Ouest des États-Unis est particulièrement touchée cette fois-ci, les rivières atmosphériques peuvent également affecter d’autres régions du globe, notamment l’Europe de l’Ouest, où elles traversent l’Atlantique, apportant des pluies soutenues. Par exemple, en France, des épisodes comme celui des 2 et 3 octobre 2021 ont provoqué des records de précipitations, avec 97 mm tombés en une journée à Nantes.

Le rôle exact du changement climatique dans l’apparition des rivières atmosphériques reste sujet à débat, car ces phénomènes ont toujours existé. Cependant, le réchauffement global semble en intensifier les effets.

Une atmosphère plus chaude peut contenir environ 7 % de vapeur d’eau en plus par degré supplémentaire, augmentant ainsi l’humidité disponible pour alimenter ces "rhum express", une allusion à l’origine antillaise de ces masses d’air. Résultat : des épisodes pluvieux potentiellement plus intenses, avec des risques accrus pour les zones urbaines et rurales.

Sources : Atmospheric river meets bomb cyclone: The result is like a fire hose failing out of control