Les "puits de carbone" fonctionnent moins bien et captent moins de CO2 : pourquoi ? En quoi est-ce inquiétant ?
En 2023, les sols et les forêts, considérés comme des "puits de carbone", n'ont absorbé que 25% du CO2 qu'ils avaient capté l'année précédente. Un chiffre qui inquiète les experts. Pourquoi ? Comment l'expliquer ?
L'année 2023 a été mauvaise, en tout cas sur le front de la captation du dioxyde de carbone (dont les émissions humaines sont responsables du réchauffement climatique) : les "puits de carbone" de la planète n'ont capté l'an dernier que 25% de ce qu'ils absorbent une année normale. Comment expliquer cette chute drastique ? En quoi enclenche-t-elle un cercle vicieux ?
Sécheresse et méga-feux
Une étude révélée par nos confrères de France Inter et France Info révèle ces chiffres très inquiétants : en 2023, les sols et les forêts, considérés comme des "puits de carbone" (autrement dit qui absorbent naturellement le CO2) n'ont capté que 25% du carbone qu'ils captaient habituellement les années précédentes.
Un bilan presque ridicule : 1,5 à 2,6 milliards de tonnes de CO2 captées en 2023 par la végétation, contre 9,6 milliards en 2022. Selon Philippe Ciais (directeur de recherche au Commissariat à l'énergie atomique et aux énergies alternatives), très inquiet, comme les autres co-auteurs de l'étude, cette "mauvaise année" est liée à l'apparition de deux facteurs concomitants.
Le premier, c'est la forte sécheresse dans les Tropiques, notamment en Amazonie, où se trouve la forêt considérée comme le plus grand "puits de carbone" naturel au monde. Le second, c'est "l'affaissement" de l'absorption de CO2 dans les forêts de l'hémisphère Nord, en raison notamment des méga-feux au Canada et en Sibérie.
Un chaud cercle vicieux
L'année 2023 alerte donc particulièrement les scientifiques, d'autant que d'après Philippe Ciais, aucun rétablissement rapide de la capacité d'absorption des forêts de l'hémisphère Nord n'est prévu à court-terme : celles-ci sont en effet trop souvent soumises aux sécheresses et aux incendies.
Cette étude est particulièrement pessimiste : le résultat est un affaissement clair des capacités de captation du CO2 à chaque vague de sécheresse dans les tropiques, compte tenu du fait que l'absorption dans l'hémisphère Nord tient déjà moins bien la cadence. Cette diminution drastique de la capacité de captation du CO2 devrait durer plusieurs années de suite...
Et cela entraînera forcément une augmentation plus rapide du taux de CO2 dans l'atmosphère, et donc une accélération du réchauffement climatique. En 2023, le réchauffement mesuré était de +1,48°C par rapport aux années 1850-1900. En temps normal, les sols et les forêts de la planète absorbent 25% des émissions humaines de CO2, les océans 25% également. Il est encore temps d'agir...
Référence de l'article :
Climat : en 2023, les "puits de carbone" ont capté 25% de ce qu'ils captent habituellement sur un an - France Info