Pratiques agricoles : l’IPBES dénonce leur coût économique mondial colossal !
L'agriculture intensive coûte plus cher qu’on ne le croit. Un changement radical de nos systèmes agricoles est-il urgemment indispensable ?
Saviez-vous que chaque année, le monde dépense 35 fois plus pour des activités nuisibles à la biodiversité que pour sa préservation ? À l'échelle globale, cela représente un manque à gagner de près de 7 000 milliards de dollars par an, selon un rapport phare de l’IPBES (Intergovernmental Science-Policy Platform on Biodiversity and Ecosystem Services).
Ce chiffre démesuré reflète les dégâts causés par des méthodes intensives : déforestation, pollution, émissions massives de gaz à effet de serre (GES) et épuisement des ressources en eau. Loin d’être une simple facture économique, ce coût met en péril l’équilibre fragile entre biodiversité, climat, santé humaine et sécurité alimentaire.
Crises interconnectées
Au cours des cinquante dernières années, les politiques agricoles ont priorisé la production alimentaire au détriment de la nature, menant à des compromis dévastateurs. L’IPBES met en évidence les "crises interconnectées" qui en résultent : une perte de biodiversité de 2 à 6 % chaque décennie, des sols dégradés, et des écosystèmes fragilisés qui peinent à maintenir les cycles naturels indispensables à la vie.
Ces impacts ne se limitent pas à l’environnement. Les populations les plus vulnérables, en particulier dans les pays en développement, subissent de plein fouet les conséquences de cette exploitation intensive. Inégalités sociales, insécurité alimentaire, et augmentation des maladies liées à la dégradation de l’environnement exacerbent les fragilités existantes.
L'agriculture intensive au cœur du problème ?
L’origine de ces dégradations est multiple : changement d’usage des sols, exploitation excessive des ressources, pollutions et espèces envahissantes. Ces phénomènes s’entrelacent pour amplifier les impacts négatifs, comme le dérèglement climatique ou l’érosion de la résilience des écosystèmes.
Professeure Pam McElwee, co-présidente du rapport, résume bien la situation :
Par ailleurs, l’agriculture intensive, bien qu’elle vise à assurer la sécurité alimentaire, engendre des “effets pervers” majeurs. Cette quête de productivité accélère les émissions de GES, épuise les ressources en eau, et détruit des écosystèmes entiers.
Selon l'IPBES, les pratiques actuelles concentrent les bénéfices à court terme entre les mains de quelques-uns, au détriment des écosystèmes et des populations vulnérables.
Un modèle économique à réformer
Le financement des activités nuisibles à la nature dépasse largement celui destiné à sa protection. Cette disproportion abyssale est aggravée par les 300 milliards de dollars dépensés chaque année pour des activités illégales, telles que le braconnage, qui alourdissent la dette écologique de l’humanité.
Il est encore possible d’inverser la tendance si les recommandations de l’IPBES sont mises en œuvre avec sérieux. Cela passe par des réformes globales des systèmes financiers, notamment en supprimant les subventions nuisibles et en renchérissant les activités néfastes pour la biodiversité.
Parallèlement, il est essentiel d’augmenter les financements verts grâce à des mécanismes tels que les obligations écologiques, les taxes environnementales ou les paiements pour services écosystémiques. Enfin, il convient de valoriser la nature en intégrant les impacts environnementaux et sociétaux dans les indicateurs économiques.
L’appel du GIEC de la biodiversité est clair : il faut rompre avec le statu quo. Si les tendances actuelles se poursuivent, les scénarios de « business as usual » mèneront à une exploitation accrue des ressources naturelles, avec des impacts négatifs sur tous les fronts : biodiversité, climat, eau, et sécurité alimentaire.
Source de l'article :
IPBES nexus report: Five takeaways for biodiversity, food, water, health and climate