Pourquoi planter des arbres peut faire plus de mal que de bien à la planète ?
Et si l'une des solutions pour sauver notre planète n'était en fait qu'une chimère ? En effet, selon certains scientifiques, planter des arbres à outrance n'est pas efficace et a même des effets néfastes sur la biodiversité...
Planter des arbres : ce mantra, répété à outrance comme toutes les formules spirituelles, est dans tous nos esprits pour sauver la planète et lutter contre les émissions de CO2. Et pourtant, les avantages de ces plantations en monoculture (c'est-à-dire une seule espèce d'arbres) ne seraient que modestes pour le climat. La menace pour la biodiversité serait même réelle...
C'est la conclusion proposée par un groupe de scientifiques britanniques et sud-africains, dans un article publié dans la revue Trends in Ecology and Evolution. Selon eux, planter massivement des arbres pour compenser les émissions de gaz à effet de serre peut faire plus de mal que de bien, notamment dans les régions tropicales, avec comme conséquence la disparition de certains écosystèmes.
Des "masses homogènes très vulnérables aux maladies"
Dans ces article, ces chercheurs expliquent que capturer le carbone, certes une qualité importante de ces arbres et forêts, n'est qu'un "petit élément" de leurs fonctions écologiques essentielles, notamment dans les régions tropicales. Ils estiment que la société a réduit la valeur de ces écosystèmes au seul paramètre "carbone".
Le risque, d'après eux, c'est que les forêts, normalement diversifiées, se transforment en "masses homogènes" avec la plantation massive d'une seule espèce d'arbres. Des exemples existent déjà dans le Sud du Mexique et au Ghana : les forêts y sont devenues "très vulnérables aux maladies", avec un impact négatif sur la biodiversité de la région.
Généralement, les entreprises ou états chargés de planter ces arbres choisissent en grande majorité 5 espèces d'arbres ayant une importante valeur en bois et en pâte à papier, et qui croissent vite. On l'aura compris, il s'agit ensuite de les abattre, ce qui libérera encore plus de carbone... L'une de ces espèces, le teck, peut par ailleurs prendre le pas sur celles d'origine et perturber tout l'écosystème.
Protéger l'existant avant de planter !
Et ce ne sont pas les seules critiques : certains expliquent aussi que l'espace manque sur la planète pour tous les projets de plantation massive d'arbres, que certains semis sont mal adaptés ou encore que les prairies et zones humides sont mal utilisées.
Toutefois, si les forêts ne peuvent pas à elles seules sauver notre environnement, il ne faut pas occulter l'utilité de certains projets de reboisement, notamment dans des zones ou des forêts disparaissent et ne pourront pas se régénérer sans aide. Tout projet de plantation n'a pas comme seul objet la capture du carbone, loin de là.
Certaines règles d'or existent pour ces projets de plantation massive d'arbres : la première, c'est de d'abord protéger les forêts existantes avant de planter (certaines mettent plus de 100 à se reconstituer) ; mais aussi éviter les prairies et zones humides, sélectionner des espèces résistantes et riches en biodiversité, ou donner la priorité à la régénération naturelle.