Pourquoi les toulousains craignent-ils cette espèce de grenouille au point de l'éradiquer ?
Plusieurs populations de Xénope Lisse ont été observées dans des bassins près de Toulouse. Il n'en fallait pas moins pour que les autorités demandent son éradication en urgence...
Cette petite grenouille toute mignonne cause bien des problèmes. D'une taille allant de 2 à 5 cm, le Xénope Lisse (aussi appelée Xénope du Cap ou encore Dactylère du Cap) est un amphibien de la famille des Pipidae. Cette grenouille possède des tâches noires sur son corps lisse de couleur gris brun. Originaire d'Afrique australe, elle vit principalement sous l'eau et ne remonte que pour respirer et se nourrir.
D'ailleurs, elle consomme des petits invertébrés (larves, oeufs) ainsi que de petits vertébrés comme les poissons et autres amphibiens. Vous la trouverez dans les bassins (de récupération d'eau de pluie ou de lagunage), dans les cours d'eau dont le courant est faible. Également dans les mares et étangs où elle se reproduit.
Le problème ? Cette espèce de grenouille est classée comme espèce exotique et invasive pour l'environnement et la biodiversité. Sa présence à Toulouse, (Haute-Garonne) où elle a été repérée pour la première fois en 2019 ne plaît pas aux autorités : "La présence de populations de Xénope lisse est avérée dans trois bassins situés sur la commune de Toulouse, en bordure de l’A 620 à proximité des sorties 19 et 20."
N'ayant pas de prédateur en France, le Xénope Lisse peut se reproduire sans crainte d'être tué ou dévoré par d'autres animaux. Porteuse de maladies létales pour les autres amphibiens, cette grenouille devient la cible numéro 1 des autorités car elle menace de détruire la faune locale.
Cette grenouille est une porteuse saine de la ranavirose et de la chytridiomycos. Ce qui signifie que ces maladies dangereuses pour les autres espèces d'amphibiens, n'ont aucun impact sur la santé du Xénope Lisse.
"Cette espèce opportuniste à fort potentiel reproducteur constitue un risque majeur pour le fonctionnement des écosystèmes aquatiques. La colonisation des plans d’eau par cette espèce exotique se traduit par une érosion de la biodiversité, menaçant particulièrement les amphibiens autochtones", écrivent les autorités dans un communiqué.
Pour ces mêmes raisons évoquées, le conservatoire d’espaces naturels d’Occitanie a demandé "une action urgente, soit l’éradication du Xénope lisse", le 4 octobre dernier. La préfecture a accepté cette requête le 12 novembre dernier et a donc signé un arrêté autorisant l'élimination de cette espèce invasive. Comment vont-ils s'y prendre ?
Pour venir à bout de l'invasion du Xénope Lisse, la préfecture recommande des opérations de pompage des puits de filtrations des eaux. Grâce à cette technique, ils pourront ainsi recueillir les larves et les oeufs de la petite grenouille exotique afin de les détruire avant qu'ils ne grandissent. Pour ce qui est des amphibiens adultes, ils seront capturés avant d'être euthanasiés.
Pour cela, les personnes chargées de leur euthanasie leur administreront des injection de de barbiturique en surdose. L'opération ne s'arrête pas là, car les cadavres de grenouilles seront ensuite placés dans des sacs et stockés dans un congélateur avant leur élimination définitive par une société d’équarrissage.
Afin de garantir le succès de cette opération, la préfecture autorise l'éradication des Xénopes Lisses jusqu'en 2026. Les associations de défense de la biodiversité et les autorités françaises souhaitent surtout sauver les espèces endémiques de la région.
Sources : LeParisien/20Minutes