On sait désormais pourquoi les buveurs (raisonnables) de vin rouge ont parfois mal à la tête !
Mal à la tête après avoir consommé du vin rouge, même juste un verre ? Vous n'êtes pas seuls ! Ce phénomène est bien connu, et des chercheurs ont même trouvé le responsable : un pigment végétal. Séquence explications.
Alors que les fêtes approchent, que les soirées "raclette" s'enchaînent avec la baisse des températures, que les apéros "Beaujolais nouveau" vous ont sans doute déjà fait succomber, vous êtes peut-être de ceux qui supportent mal le vin rouge. Ou en tout cas de ceux qui, même avec modération (là est l'essentiel), ont mal à la tête après avoir consommé cette boisson alcoolisée.
Les résultats d'une étude publiée le 20 novembre dernier dans la revue Scientific Reports et réalisée par des chercheurs de Californie vont dans ce cas certainement vous concerner, ou simplement attirer votre curiosité. Qu'est-ce qui provoque ces céphalées ? Quels sont les mécanismes corporels en jeu ?
Déjà des maux de tête chez les Romains...
Ce phénomène de céphalées, répandu, est déjà bien connu par la science, il porte d'ailleurs un nom : c'est le "Red Wine Headache (RHW)". Généralement, ces maux de tête liés au vin rouge se produisent une trentaine de minutes après avoir bu un voire deux verres.
A l'époque romaine, l'encyclopédiste Celse avait déjà consacré une partie de son traité (De Medicina) aux douleurs provoquées par la consommation de vin. Rien de nouveau sous la vigne, donc, d'autant qu'un constat semblable avait été dressé par Paul d'Egine, un médecin byzantin, 600 ans plus tard.
Depuis cette époque, tous les spécialistes ont étudié la question, en analysant les composés du vin rouge (sulfites, tanins, amines biogènes ou flavonoïdes phénoliques) : si beaucoup d'éléments furent suspectés, aucun n'avait jusqu'à présent été identifié comme "coupable" des céphalées. Désormais, ce mystère vieux de plusieurs millénaires est donc enfin peut-être en voie de résolution.
Nom de code : quercétine
C'est aux flavonoïdes phénoliques que se sont intéressés ces chercheurs, des composés dérivés de la peau et des pépins du raisin. Ils sont souvent 10 fois plus présents dans le vin rouge que dans le vin blanc et sont responsables du goût, de la couleur et de la sensation que procure le vin rouge dans nos bouches.
Ces scientifiques ont alors isolé après plusieurs tests en laboratoire une substance, un flavonol ou pigment végétal appelé "quercétine", qui pourrait provoquer les maux de tête. En effet, lorsque le foie décompose cet ingrédient, il produit une substance, "glucoronide de quercétine", qui bloque une enzyme cruciale, provoquant les mêmes effets qu'un médicament contre l'alcoolisme.
Lorsque cette enzyme est bloquée, de l'acétaldéhyde toxique s'accumule dans le sang, ce qui, à des niveaux élevés, entraînerait nausées, sueurs, rougeurs du visage et maux de tête. Reste à mener maintenant des expériences auprès de patients, pour savoir pourquoi certains sont plus touchés que d'autres. Sont-ils plus sensibles à l'acétaldéhyde ? Leurs enzymes sont-elles plus faciles à bloquer ? Mystère...