Pourquoi le prix de l'huile d'olive et des oranges explose-t-il sous l'effet du climat ?
Le changement climatique redessine les contours de nos assiettes. Les hausses de prix de l'huile d'olive et des oranges ne sont que des symptômes d'un mal bien plus profond. Prendre conscience de cette réalité, c’est faire un pas vers l’action.
L’huile d’olive et les oranges, deux produits phares de nos tables méditerranéennes, voient leurs prix s’envoler à des niveaux records. La cause principale ? Le changement climatique, qui perturbe de manière dramatique les cycles de production agricole à travers le monde.
La hausse des prix de ces produits emblématiques n'est que la partie émergée de l'iceberg.
Les chiffres parlent d'eux-mêmes
En 2022, l'Europe a connu une hausse record de l'inflation alimentaire, atteignant jusqu'à 19% dans certaines régions, principalement en raison des vagues de chaleur extrême. Cette situation est un avant-goût de ce qui pourrait nous attendre dans un avenir proche. En effet, les experts estiment que cette inflation pourrait augmenter de 30 à 50% d'ici 2035 si les températures continuent de grimper.
Prenons l'exemple de l'huile d'olive, une denrée essentielle dans la cuisine méditerranéenne. La production mondiale a chuté d'un tiers depuis 2021, principalement à cause de la sécheresse et des vagues de chaleur intenses qui ont frappé des pays producteurs comme l'Espagne. Dans certaines régions espagnoles, les prix ont grimpé de 70% en une seule année.
Les oranges, quant à elles, ne sont pas épargnées. Aux États-Unis, la production d'oranges a été sévèrement impactée par des ouragans et des maladies, notamment en Floride, où l'ouragan Ian a dévasté 90% des vergers de l'État en 2022. Cette catastrophe a fait doubler le prix du jus d'orange en seulement quatre ans.
Quand le climat dicte les prix
Le changement climatique a des conséquences directes et immédiates sur l'agriculture. La fréquence et l'intensité accrues des événements climatiques extrêmes, comme les sécheresses, les inondations et les tempêtes, perturbent les cycles de production agricole. Les agriculteurs sont contraints de faire face à des récoltes de plus en plus imprévisibles, ce qui engendre une baisse de l'offre et, par conséquent, une hausse des prix.
Mais ces effets ne se limitent pas à l'huile d'olive et aux oranges. Ce sont tous les produits de première nécessité qui risquent d'être touchés. Le blé, le riz, les légumes… Aucun produit n'est à l'abri. Par exemple, au Royaume-Uni, les pluies incessantes entre 2022 et 2024 ont perturbé les semis, entraînant une chute drastique de la production de légumes.
Le coût des fruits et légumes en Chine a également explosé, avec une diminution de 8% des rendements de riz entre 1999 et 2012, une tendance qui semble perdurer.
Conséquences socio-économiques
Cette flambée des prix alimentaires a des répercussions bien au-delà des marchés. Elle exacerbe les inégalités sociales, rendant difficile l'accès à une alimentation saine pour les plus démunis. Dans certaines régions du monde, cela peut même provoquer des troubles sociaux, voire des conflits.
D'un point de vue économique, cette inflation pèse lourdement sur les ménages, mais aussi sur les entreprises, en particulier celles du secteur agroalimentaire. Ces dernières doivent composer avec des coûts de production en hausse, qu'elles répercutent inévitablement sur les consommateurs.
Vers une crise alimentaire généralisée ?
Si nous ne réagissons pas, ces exemples pourraient n'être que le début d'une crise alimentaire globale. Le dérèglement climatique affecte déjà les cultures de base, menaçant notre accès à une alimentation abordable et saine. Les coûts élevés des aliments de base exercent une pression disproportionnée sur les ménages à faibles revenus, exacerbant les inégalités et les tensions sociales.
L'enjeu est donc de taille : il ne s'agit pas seulement de sauver nos oliviers et nos orangers, mais de repenser notre modèle agricole dans son ensemble.
Références : Five charts: How climate change is driving up food prices around the world