Pourquoi le ciment est-il un véritable fléau pour le climat ?

La fabrication du ciment, élément indispensable pour la grande majorité de nos constructions est une source non négligeable de gaz à effet de serre à travers la planète.

Ciment
La production du ciment est bien plus néfaste qu'on ne peux l'imaginer pour notre climat, étant par exemple responsable d'1/8ème des émissions de gaz à effet de serre en France

La lutte contre les émissions de gaz à effet de serre se concentre en général sur les énergies ou encore le transport, pourtant, d'autres secteurs sont également très néfastes pour notre climat, comme par exemple le secteur de la construction avec l'utilisation du ciment.

Le ciment : un impact climatique souvent oublié

Le ciment, un liant hydraulique (qui durcit sous l'action de l'eau), utilisé dans la préparation du béton et fabriqué par chauffage à très haute température de calcaire (70 à 80 %) et d'argile (20 à 30 %), est le matériau fabriqué par l'Homme le plus utilisé dans le monde pour la construction. En effet, la construction de nos maisons, routes, ponts, commerces et bon nombre d'infrastructures de transports nécessite du ciment.

Néanmoins, la fabrication de ce ciment rejette également des quantités massives de CO2 dans notre atmosphère. Effectivement, sa production nécessite d'abord l'utilisation des énergies fossiles (notamment le charbon) qui permettent de chauffer les fours à une température de 1 500°C. Ensuite, cette cuisson engendre une réaction chimique fortement émettrice de CO2 qui permet la formation du clinker, le composant-clé du ciment traditionnel.

Lorsqu'elles sont additionnées, toutes les usines de ciment du monde génèrent environ quatre milliards de tonnes de ciment par an, ce qui engendre 5 à 8% des émissions mondiales de gaz à effet de serre ! Ce pourcentage est par exemple plus important que toute l'industrie aéronautique ou que le traitement des déchets, pourtant au cœur de nombreux débats sur les émissions de gaz à effet de serre.

En France, la filière cimentière représente également à elle seule 12,5% des émissions de gaz à effet de serre (GES) de l’industrie française selon l’ONG Réseau Action Climat . Ainsi, même si on en parle relativement peu, le secteur de la fabrication du ciment a un véritable impact sur notre climat.

Il est vital de trouver des alternatives plus écologiques au ciment

Aujourd'hui, la Chine est le plus grand producteur mondial de ciment et, malgré les émissions de gaz à effet de serre y étant liées, l'utilisation de ce matériau ne devrait pas connaître de baisse ces prochaines années. En effet, les nations en voie de développement devraient doubler à quadrupler leurs émissions liées au ciment d'ici 2050 selon une étude publiée dans Nature Communication en 2023.

Cette hausse attendue dans la production de ciment et donc les émissions de gaz à effet de serre liées à cette industrie est problématique. En effet, contrairement à d'autres secteurs fortement émetteurs de GES, on ne se préoccupe que trop peu de trouver des alternatives plus écologiques au ciment et à sa production.

Des solutions sont pourtant envisageables, comme l'accélération du recours à des sources d'énergies alternatives au charbon telles que la biomasse, les déchets de la chimie ou encore des combustibles solides issus de la récupération. Également, il serait nécessaire de faire évoluer des formules du ciment (notamment l'utilisation du calcaire) pour favoriser les matières premières à faible empreinte carbone, tout comme rénover le parc de cimenteries ou encore imaginer de nouvelles technologiques de capture et de séquestration des GES dès leur sortie.

Néanmoins, ces changements sont très coûteux et beaucoup d'entreprises sont encore réticentes à les entreprendre, tant la demande en ciment est de toute façon importante à travers le monde, notamment dans les pays en développement comme la Chine ou l'Inde. Toutefois, l'évolution future de notre climat dépend aussi fortement du secteur de la construction humaine et il est important d'entreprendre de réelles mesures pour le décarboner.


Sources : Futura-Sciences/Finance-Climact/Le Monde

À la une