Pourquoi le beau temps ne parvient-il pas à s'imposer ?
Alors que ce mois de mai avait été unanimement annoncé plus chaud et plus sec que la normale, le beau temps peine à s'imposer durablement. Et ce ne sont pas les prévisions des prochains jours qui vont inverser la tendance. Comment expliquer une telle situation ?
Si les tendances saisonnières pour l'été ou l'hiver se vérifient régulièrement, leur fiabilité est en revanche plus faible à l'automne et au printemps, deux saisons réputées pour être très changeantes voire instables à nos latitudes. Cela n'empêche pas toutefois les périodes de beau temps de s'installer durablement, à l'image de ce qui s'était produit l'année dernière avec l'un des mois de mai les plus chauds jamais enregistrés et de nombreux records d'ensoleillement battus. Une situation à l'opposé de celle que nous connaissons ce mois-ci et plus largement depuis plusieurs semaines avec des centres d'action qui ne sont pas à leur place habituelle. Explications.
Mais où est passé l'anticyclone ?
Entre les mois de mars et d'avril, l'anticyclone des Açores revient progressivement étendre son influence en direction de l'Europe. Les dépressions venues de l'Atlantique qui ont circulé durant tout l'automne et au cours de la saison hivernale régressent alors et changent de trajectoire, le plus souvent entre le Groenland et la Scandinavie. Elles laissent ainsi le champ libre aux hautes pressions, synonymes de temps sec et ensoleillé, pour évoluer depuis leur quartier initial au sud-ouest du Portugal vers le Vieux-Continent. Seulement voilà : cette année, l'anticyclone est un peu fainéant et ce sont donc les dépressions qui ont l'avantage, alimentant ce contexte humide, frais et instable.
C'est donc une influence dépressionnaire qui domine en ce début de semaine en France et plus largement sur une large partie occidentale de l'Europe, avec des pressions généralement comprises entre 995 et 1010 hPa. Par ailleurs, le conflit de masses d'air qui s'opère entre l'air océanique gagnant du terrain par l'ouest et le flux de sud faisant remonter de l'air chaud de Méditerranée, génère des orages parfois forts dans le sud et l'est du pays. Alors que les restrictions de circulation liées à la pandémie de COVID-19 viennent d'être levées, cette météo chaotique tombe plutôt mal et les nouvelles pour le prochain week-end qui débute jeudi avec le Pont de l'Ascension ne sont pas très bonnes.
Mai, le mois le plus pluvieux de l'année...
Les conditions météo que nous connaissons actuellement n'ont toutefois rien d'exceptionnel : elles font partie du climat et de sa variabilité, particulièrement lorsque celui-ci est océanique, ce qui est le cas en France. Par ailleurs, le mois de mai s'avère être statistiquement le mois le plus pluvieux de l'année dans certaines régions, et notamment dans le sud-ouest (Toulouse, Agen, Gourdon...), de l'Auvergne à l'Alsace en passant par le Berry et la Bourgogne (Clermont-Ferrand, Strasbourg, Dijon, Bourges...) ainsi qu'à Paris. Or, dans un contexte de réchauffement climatique de plus en plus présent, les pics de chaleur et les périodes de temps sec de plus en plus précoces et durables ces dernières années ont tendance à nous faire oublier les normales climatiques du mois de mai.
On reste néanmoins très loin du printemps 2016, parmi le plus arrosé des 50 dernières années avec à la clé, des inondations exceptionnelles dans plusieurs régions. Mai 2016 est même devenu le plus pluvieux depuis le début des relevés météo en Île-de-France, en Bourgogne, en Picardie et dans le Centre-Val de Loire avec des cumuls atteignant l'équivalent de 3 mois de pluie en l'espace de 4 jours. Cela vous fera peut-être relativiser la situation actuelle...