Pourquoi interdire la pêche dans le golfe de Gascogne ? La réponse va vous étonner !

La pêche dans le golfe de Gascogne, du Finistère au Pays basque, c'est terminé ! Du moins, temporairement… Une décision déjà prise l'hiver dernier, en 2024 : mais pour quelle raison ? Et surtout, est-ce une mesure efficace ?

Pêche golfe de Gascogne prétexte bateau filets
Cette mesure, appliquée à une telle échelle, est inédite depuis la Seconde Guerre mondiale. Les pêcheurs sont indemnisés à hauteur de 80% de leur chiffre d'affaires.

Entre le Finistère et les Pyrénées-Atlantiques, autrement dit dans le golfe de Gascogne et sur toute la côte Atlantique, la pêche est interdite, depuis ce mercredi 22 janvier et jusqu'au 20 février. Une mesure drastique supposée protéger les dauphins et déjà mise en place en 2024, l'hiver dernier. Quels sont les bateaux concernés ? Est-ce vraiment efficace ?

80% du chiffre d'affaires indemnisé

Dès l'automne 2023, le gouvernement avait ordonné la fermeture "spatiotemporelle" de la pêche pour certaines périodes durant les années 2024, 2025 et 2026, à la suite d'une procédure d'infraction déclenchée par la Commission européenne. Saisi par des associations environnementales, le Conseil d'Etat l'avait pressé d'agir pour protéger les dauphins.

Cette autorité administrative avait ensuite précisé, dans un arrêt rendu en décembre dernier, que la fermeture de la pêche était nécessaire pendant 4 semaines durant l'hiver afin de "garantir un état de conservation favorable" de 3 espèces de dauphins. Ainsi, jusqu'au 20 février prochain, environ 300 bateaux resteront à quai, du Sud de la Bretagne à la frontière espagnole.

L'interdiction concerne tous les bateaux de plus de 8 mètres de long, y compris étrangers, allant par exemple pêcher des soles ou des merlans. La profession est évidemment vent debout, malgré l'indemnisation gouvernementale à hauteur de 80% de leur chiffre d'affaires. Les pêcheurs sont persuadés qu'une alternative technologique existe pour réduire les captures accidentelles de dauphins.

Ces mesures d'interdiction sont classiques pour préserver des espèces menacées par la surpêche, mais les prendre à une telle échelle dans le golfe de Gascogne est inédit depuis la Seconde Guerre mondiale. La raison est simple : depuis dix ans, les captures accidentelles de dauphins dépassent le niveau soutenable pour l'espèce estimé à 4900 décès maximum, selon les experts.

Des mesures pérennes nécessaires ?

La mesure est jugée très efficace par les scientifiques : selon l'Institut Pelagis, le nombre de cétacés morts par capture accidentelle sur toute la façade Atlantique et la Manche Ouest a été divisé par 4, passant de 6100 morts en moyenne entre 2017 et 2023, à 1450 morts en 2024, première année de mise en place de la mesure d'interdiction de la pêche.

L'un des dirigeants de cet Institut, Jérôme Spitz, tout en saluant l'efficacité de l'interdiction de pêcher, estime aussi que la baisse de la mortalité pourrait être due à une conjonction de plusieurs mécanismes, puisque les taux de mortalité ne sont pas non plus très élevés hors période d'interdiction. Tout comme les pêcheurs, il juge que cette mesure n'est pas satisfaisante sur le long terme.

L'idéal serait la mise en place de mesures "plus pérennes" pour maintenir le secteur économique de la pêche. Certains pêcheurs fustigent une solution simpliste et estiment qu'il faut trouver des solutions alternatives à large échelle, comme les "effaroucheurs" ou les balises acoustiques supposées avertir les dauphins du danger. La moitié des bateaux arrêtés en sont déjà équipés.

Référence de l'article :

La pêche interdite dans le golfe de Gascogne pour protéger les dauphins. HuffPost.

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