Pourquoi commence-t-on à retirer les cocotiers des plages en Guadeloupe ? Risquent-ils vraiment de disparaître ?

Un décor local bientôt totalement modifié en Guadeloupe ? Les cocotiers des plages sont en effet menacés de disparition ! Pour quelles raisons ? Pourquoi certains commencent-ils déjà à être retirés, au nom de la préservation de la biodiversité ?

Plage cocotiers prétexte
Les cocotiers seraient susceptibles de renforcer l'érosion sur les plages et de compliquer la lutte contre le recul du littoral.

Des cocotiers retirés de la plage : c'est le constat amer qu'ont pu faire les habitants de la commune de Deshaies, dans le Nord de Basse-Terre, en Guadeloupe. Pourquoi défigurer ainsi la plage de la Perle ? Parce que les cocotiers font face à une double menace, et que leur retrait permettra à terme de protéger la biodiversité. Séquence explications.

Faire face au recul du littoral

Sur cette plage, locaux et touristes se mettent en scène sur le sable doré, près des vagues turquoises et surtout des cocotiers, que l'on retrouve souvent sur les cartes postales. Pourtant, les responsables d'un programme européen de préservation de la biodiversité, devant durer deux ans, sont en train de retirer une partie de ces cocotiers, sans en connaître encore le nombre exact.

Ces arbres sont en effet accusés de favoriser l'érosion côtière : ils compliqueraient la lutte contre le recul du trait de côte. Ces cocotiers ont été plantés par des riverains, ou par l'intermédiaire de l'échouage de cocos sur les plages, transportées par l'océan. On parle d'espèce exotique, et non d'espèce endémique, c'est-à-dire que les cocotiers ne sont pas dans leur milieu naturel.

Les racines du cocotier sont très réduites, moins d'un mètre-carré, ce qui ne lui permet pas de fixer le sable dans le sol : résultat, quand les cocotiers tombent ou lorsque la houle est forte, cela renforce l'érosion. L'idéal serait de planter des espèces endémiques, adaptées au sable, afin de ralentir le recul du trait de côte, quitte à garder quelques cocotiers en fond de plage, mais plus en bord de mer.

L'autre menace : le jaunissement mortel

Ce qui pousse aussi les écologues (chargés de préserver la biodiversité) à retirer ces cocotiers, c'est qu'ils sont soumis à un autre fléau : le jaunissement mortel, ayant déjà provoqué l'abattement de 50 palmiers-cocotiers dans cette commune. Une maladie véhiculée par un tout petit insecte, ressemblant à une minuscule cigale, qui contamine l'arbre et le condamne dès les premiers symptômes.

Cette maladie très contagieuse se repère facilement : les jeunes cocos tombent, les palmes jaunissent. C'est après un prélèvement qu'il est décidé d'abattre l'arbre définitivement. Des palmeraient entières ont été décimées par ce fléau (qui existe depuis le 19e siècle) en Jamaïque, dans les années 1980. Si la maladie n'est pas soignable, abattre et replanter est la seule solution pour freiner la contamination.

Neuf foyers de jaunissement mortel ont pour l'heure été identifiés en Guadeloupe, dans plusieurs communes, soit chez des particuliers, soit dans le domaine public et notamment sur les plages. Les pouvoirs publics ne s'en inquiètent pas pour le moment, la coco étant essentiellement exploitée par le tourisme, via son image de vacances.

Économiquement, son exploitation est informelle, basée surtout sur des vendeurs d'eau de coco sur les routes. Écologiquement, les cocotiers font sans doute face à leur avenir : cette espèce rapportée par l'homme ou l'océan peut-elle survivre à l'érosion et à la maladie ? Affaire à suivre...

Référence de l'article :

Guadeloupe : Érosion côtière et maladie mortelle, des cocotiers doublement menacés. Geo.

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