Pourquoi certaines nations sont-elles vouées à disparaître et que faire ?
Ce n'est plus une fiction mais bientôt une réalité. Certaines îles de la planète sont vouées à disparaître sous les eaux. Et avec elles, toute une nation, une population, une culture. Quelles solutions pour faire perdurer ces futurs états apatrides ?
La théorie se confirme au fur et à mesure que le réchauffement climatique s'accélère : des populations entières risquent de perdre leur territoire et donc une partie de leur identité et de leur histoire. En cause : l'augmentation du niveau de la mer. Ce qui constitue un réel défi pour la communauté internationale.
"C'est la plus grande tragédie à laquelle un peuple, un pays, une nation puisse faire face", s'émeut Mohamed Nasheed, ancien président des Maldives. Car, si la montée des eaux engloutit les Malives ou encore Tuvalu, qu'adviendra-t-il des citoyens ? Ces pays seront-ils rayés des cartes et des globes terrestres ?
600 000 réfugiés climatiques apatrides
Depuis 1900, le niveau de la mer a déjà monté de 15 à 25 cm selon les climatologues de l'ONU. Et ce rythme ne cesse de croître, notamment dans certaines régions tropicales de la planète. Et si le réchauffement climatique se poursuit, les océans pourraient gagner un mètre de plus autour des îles du Pacifique et de l'océan Indien d'ici 2100.
Certes, ce mètre supplémentaire reste en dessous du point culminant des états insulaires les plus petits et les plus bas mais la montée du niveau de la mer s'accompagnera d'une augmentation des tempêtes et des raz-de-marée. L'eau de source et les terres risquent d'être contaminées par le sel, ce qui rendra de nombreux atolls inhabitables avant d'être totalement sous engloutis par la mer.
Cinq nations pourraient devenir inhabitables d'ici 2100 : les Maldives dans l'océan Indien, Tuvalu, les Îles Marshall, Nauru et Kiribati dans l'océan Pacifique, créant près de 600 000 réfugiés climatiques apatrides selon une étude citée par le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) de l'ONU.
Des états ont déjà été rayés des cartes, par exemple à cause de la guerre. Mais il n'existe pas (encore...) "de situation où les états existants ont complètement perdu du territoire en raison d'un événement physique ou d'événements tels que l'élévation du niveau de la mer ou des phénomènes météorologiques violents", révèle Sumudu Atapattu, de l'Université du Wisconsin à Madison.
Un état, un territoire, une nation, une identité...
En septembre dernier, plusieurs gouvernements du Pacifique ont donc décidé de lancer "Rising Nations". Kausea Natano, Premier Ministre de Tuvalu explique vouloir : "convaincre les membres de l'ONU de reconnaître notre nation, même si nous sommes submergés par les eaux, car c'est notre identité". Mais comment pourraient fonctionner ces "états-nations 2.0" ?
"Vous pourriez avoir des terres quelque part, des gens ailleurs et le gouvernement en troisième lieu", décrit Kamal Amakrane, directeur général du Global Center for Climate Mobility de l'université de Columbia. Pour cela, il faudrait une "déclaration politique" de l'ONU et un "traité" entre l'état menacé et un "état hôte", acceptant de recevoir ce gouvernement en exil. La population accueillie se verrait octroyer la double nationalité.
Malgré tout, certaines personnes n'envisagent pas de quitter leur pays même s'il était sous l'eau. "Les êtres humains sont si ingénieux qu'ils trouveront des moyens flottants... de vivre exactement à cet endroit", selon Mohamed Nasheed. L'expert Kamal Amakrane, défend "le droit de rester" et demande à lancer "le plus tôt possible" un processus "politique" pour préserver l'avenir des états menacés.
Toutes ces hypothétiques solutions ont aussi un coût. Et la question du financement des "pertes et dommages" causés par les conséquences du dérèglement climatique sera un des sujets brûlants auxquels devront s'attaquer les experts lors de la COP27 qui aura lieu en novembre prochain en Égypte.