La pollution volcanique responsable de maladies respiratoires ?
Après l'éruption de lave de Holuhraun (Islande) en 2014-2015, les maladies respiratoires ont augmenté de près d'un quart. Les gaz dégagés après l'éruption ont un impact sur la santé. Mais les gouvernements ne considèrent pas les volcans comme une menace pour la santé publique.
Ils sont 800 millions de personnes dans le monde à vivre à proximité de volcans actifs et donc potentiellement menacés par la pollution volcanique comme le prouve les nouvelles recherches dirigées par l'Université de Leeds et l'Université d'Islande. Les chercheurs ont examiné les effets sur la santé de la pollution causée par l'éruption de lave de Holuhraun en 2014-2015, une des plus grandes éruptions volcaniques d'Islande.
Ils ont constaté que les maladies respiratoires ont augmenté de près d'un quart car les émissions qui reviennent dans les jours qui suivent immédiatement les éruptions volcaniques ont un impact néfaste sur la santé. Et ils déplorent que le gouvernement ne prenne pas en compte cette menace pour la santé publique des populations vivant à proximité. Les auteurs de l'étude demandent à ce que le gouvernement tienne compte de ces émissions.
Une pollution aux particules fines :
En Islande, la distribution de médicaments contre l'asthme a augmenté de 20% à la suite d'une exposition à des émissions qui sont passées chimiquement de gaz à des particules fines. On estime que l'exposition à court et à long terme à ce type de particules fines, d'origine humaine ou naturelle, entraîne plus de trois millions de décès prématurés par an dans le monde et serait le plus grand risque environnemental pour la santé en Europe.
Ces fines particules présentes dans les panaches - le nuage de gaz volcaniques lors de l'éruption d'un volcan - sont si petites qu'elles peuvent pénétrer profondément dans les poumons, causant potentiellement de graves problèmes de santé tels que l'aggravation des crises d'asthme.
"De grandes éruptions volcaniques peuvent provoquer une pollution atmosphérique nocive à la fois immédiatement et également lorsque le panache revient dans la même zone" explique la co-auteure principale de l'étude Evgenia Ilyinskaya, de la School of Earth and Environment. Ces découvertes mettent en évidence les risques pour la santé des polluants persistants dans l'atmosphère et l'importance de la surveillance des émissions dues à l'activité volcanique.
L'exemple islandais :
L'éruption de Holuhraun en 2014 a été l'une des plus importantes des 200 dernières années, libérant 11 millions de tonnes de dioxyde de soufre qui se sont répandues à travers l'Islande et l'océan Atlantique vers l'Europe. Les habitants de Reykjavík ont été exposé à plusieurs panaches au cours de l'éruption qui a duré 6 mois et ce, alors qu'ils vivaient à 250 km du site de l'éruption.
En 2017 lors de précédentes recherches, les scientifiques avaient découvert que le panache avait été balayé par les courants d'air vers le Royaume-Uni et l'Europe continentale avant de retourner vers le pays islandais. "Lorsque le panache de Holuhraun est revenu en Islande, les médecins généralistes et les unités de soins d'urgence des hôpitaux ont diagnostiqué de plus en plus de maladies respiratoires." détaille Hanne Krage Carlsen, auteure principale de l'étude.
Mais dans le panache de retour, les niveaux de dioxyde de soufre étant réduits à mesure que le gaz se convertissait en particules, les concentrations étaient donc conformes aux normes d'air de la Commission européenne. Aucun message d'avertissement sanitaire n'était en place en Islande alors qu'un danger menaçait la population ! Il est nécessaire pour les autorités de se préparer à d'autres phénomènes, d'autant que le mois dernier la lave a éclaté à travers une fissure du mont Fagradalsfjall (Islande)...