Plus on est vieux, plus on émet de dioxyde de carbone, selon une étude !
Dans l'Union européenne, ce sont les plus vieux qui contribuent le plus au réchauffement climatique ! Voilà le constat saisissant et implacable dressé par une étude de l'Ined, qui va forcément attiser le conflit générationnel déjà en cours sur l'économie, les valeurs et la société...
Il faut boire jusqu'à l'ivresse, sa jeunesse, car tous les instants de nos vingt ans nous sont comptés ! Ces paroles de Charles Aznavour (permettez-moi cette petite digression musicale) résonnent particulièrement face à la lecture des résultats de l'étude menée par l'Institut national d'études démographiques (Ined) sur la population de l'Union européenne. Selon celle-ci, plus on est vieux, plus on émet du dioxyde de carbone ! Autrement dit, c'est aux jeunes générations d'agir maintenant pour réduire ces émissions, car inévitablement, elles augmenteront avec l'âge...
Un pic à 75 ans !
"Comment la démographie influence-t-elle le changement climatique ? Le cas de l'Europe" : voilà le nom de l'étude publiée récemment par l'Ined, pour qui il s'agit d'un défi de plus pour les politiques climatiques, alors que nos sociétés occidentales sont vieillissantes. L'étude analyse les relations entre démographie et changement climatique dans l'Union européenne, alors que celle-ci s'est engagée à atteindre la neutralité carbone en 2050.
Ces résultats sont sans appel : les émissions de dioxyde de carbone de chaque individu augmentent avec l'âge. Cet âge a un effet déterminant sur les émissions individuelles de CO2 : celles-ci sont "plus élevées aux âges avancés". Ce constat s'accompagne d'une prévision inquiétante et néanmoins logique : les émissions "imputables aux personnes âgées" vont encore augmenter dans les prochaines années, car "elles émettent davantage" que les populations les plus jeunes, et elles seront de plus en plus nombreuses sur la pyramide des âges.
Pour un couple, les émissions de CO2 atteignent généralement "un pic entre 45 et 49 ans", avant de diminuer progressivement. Toutefois, si l'on prend ces émissions à l'échelle individuelle, alors le pic est décalé, et l'on considère qu'un individu émet son maximum de dioxyde de carbone autour de 75 ans.
Chauffage et urbanisation en cause ?
Sans pour autant stigmatiser une part importante de la population européenne, il faut s'interroger sur les causes de cette contribution plus importante aux émissions de CO2, et donc au final au réchauffement climatique. Les auteurs de l'étude estiment que les plus vieux vivent dans des familles moins étendues (couple sans enfant à charge, voire personne âgée veuve et donc isolée) et "concentrent leurs dépenses sur des biens à forte intensité carbone", comme par exemple le chauffage : cela devrait nécessiter une prise de conscience et une adaptation des politiques publiques vers ces populations plus fragiles et au final plus émettrices.
L'autre facteur d'explication est peut-être aussi le lieu de résidence. Les personnes âgées ayant des revenus plus élevés vont avoir tendance à s'installer en ville, et seront plus enclines à surconsommer, et donc à accroître leurs émissions. Toutefois, les auteurs de l'étude reconnaissent qu'en milieu urbain, les transports publics et la petite taille des logements (mieux isolés) réduisent ces émissions. Le consensus est donc inexistant sur ce facteur, même si l'urbanisation reste un enjeu majeur pour nos futures politiques climatiques.