Pluies torrentielles en Espagne et en Italie : pourquoi les inondations font-elles autant de dégâts ?
De nouvelles inondations ont frappé ces dernières heures la Catalogne et l'Andalousie en Espagne, mais aussi la Sicile en Italie. Quelles sont les causes de ces catastrophes à répétition et comment expliquer de tels dégâts matériels et humains ?
L'Espagne et l'Italie ont encore été touchées ces dernières heures par des pluies torrentielles, avec des inondations et des dégâts très importants. En Espagne, les régions de Malaga, en Andalousie, de Tarragone, en Catalogne, mais aussi de Valence ont été placées en vigilance rouge : à la clé, crues soudaines parfois historiques, tornades, réseau ferré dévasté et hôpital de Malaga inondé.
En Italie, c'est la Sicile qui a été dans la nuit de mardi à mercredi fortement impactée par des pluies extrêmes dans la région de Catane, entraînant glissements de terrains, crues, et emportant voitures, portions de route et même tronçons autoroutiers ! Comment expliquer l'importance de ces destructions dans ces deux pays ? Pourquoi de telles catastrophes humaines et matérielles ?
Goutte froide et Méditerranée très chaude
Ces terribles conditions s'expliquent d'abord par la situation météo. En Espagne, il s'agit d'une goutte froide (ou DANA, dans le jargon local), c'est-à-dire de l'air très froid en altitude sous la forme d'une petite boule qui a transité depuis le pays basque jusqu'au Portugal, engendrant sur la côte Est espagnole un flux de Sud-Sud-Est apportant des bouffées instables et orageuses depuis la Méditerranée.
Dans le même temps, entre cet appel d'air froid, de l'air chaud remontant d'Afrique du Nord et une autre zone froide sur l'Europe centrale, un tout petit minimum dépressionnaire s'est formé entre l'Italie et la Tunisie, entraînant là aussi des remontées orageuses sur la Sicile, dans un flux de Sud (les vents tournent dans le sens inverse des aiguilles d'une montre autour d'une dépression).
À cela s'ajoute aussi le contexte climatique, à travers le réchauffement de l'air : un degré de plus équivaut à 7% d'humidité en plus dans l'atmosphère, et donc des pluies plus intenses. Mais le réchauffement de la Méditerranée entre aussi en jeu : cette mer est anormalement chaude en ce moment (24° au large de la Sicile), ce qui agit comme carburant pour les orages, aggravant leur violence.
Résultat : 133 litres d'eau par mètre-carré (133 mm de pluie) sont tombés hier après-midi à Malaga, dont 80 litres en une heure seulement ! En Sicile, entre Acireale, Giarre et Riposto, les services météo ont recensé 500mm de pluie en moins de 6h ! Un phénomène extrême qui, pour rappel, avait dévasté la région de Valence en Espagne il y a 15 jours, avec localement plus de 600mm en 24h...
Enfin, derniers facteurs aggravants, ces orages malheureusement stationnaires, sans cesse réalimentés par la chaleur de la Méditerranée, ont buté sur des reliefs, aux pentes accidentées, comme par exemple l'Etna en Sicile, favorisant les ruissellements et les crues, le tout sur des zones bien trop urbanisées par l'Homme. D'où des sols incapables d'absorber le surplus d'eau, d'où ces dégâts...