Pluies diluviennes : le réchauffement climatique ne devrait-il pas au contraire accentuer le risque de sécheresse ?
La France subit des pluies diluviennes successives depuis l'automne dernier, entraînant des inondations parfois catastrophiques sur notre pays. Un temps qui semble aller à l'encontre des prévisions des climatologues qui affirmaient que les sécheresses devraient au contraire se montrer de plus en plus fréquentes.
La France subit depuis l'automne dernier une succession impressionnante de pluies diluviennes, entraînant des inondations parfois catastrophiques et ayant mis fin à la sécheresse marquée encore présente l'année dernière. Mais, d'après les climatologues, le réchauffement climatique ne devrait-il pas au contraire accentuer le risque de sécheresse ?
Retour de la pluie après 2 ans de sécheresses successives
Les années 2022 et 2023 ont été marquée par des périodes de sécheresse particulièrement récurrentes et problématiques, que ce soit en France mais également sur une large partie de l'Europe. L'année dernière à la même période par exemple, le niveau des nappes phréatiques se situait souvent très en-dessous de la moyenne sur les ¾ du pays, une situation inquiétante qui s'était encore aggravée durant l'été.
Pourtant, la situation s'est complètement inversée depuis le mois d'octobre 2023 avec une succession de perturbations actives sous l'influence d'un flux océanique dynamique ayant entraîné des inondations parfois notables et régulières sur de nombreuses régions. Ainsi, la majorité des réserves en eau souterraines sont désormais remplies et les cours d'eau sont au plus haut, sauf sur le Roussillon où les pluies ont été bien moins fréquentes qu'ailleurs.
Si les années précédentes semblaient parfaitement correspondre au discours des climatologues sur le changement climatique, à savoir une sécheresse gagnant encore et toujours du terrain au fil des années avec des périodes de chaleur extrêmes de plus en plus régulières, ces derniers mois vont donc à l'encontre de cette prévision.
Les climatologues se seraient-ils donc trompés ? Les périodes de sécheresse s'annoncent-elles bien moins fréquentes et marquées qu'initialement envisagé ? Selon Robert Vautard, auteur du Giec et l'une des sommités mondiales de la climatologie, tout se passe au contraire comme prévu.
Plus de sécheresses mais aussi plus de pluies
La météo est régie par ce que les météorologues appellent des régimes météo, c'est à dire de longues périodes de temps similaires pouvant durer quelques semaines ou plusieurs mois. Par exemple, l'hiver en Europe est marqué soit par un temps humide et doux sous l'influence d'un flux océanique perturbé soit par un temps froid et sec sous l'influence d'un flux plus continental.
Avec le changement climatique, ces différents régimes sont accentués selon ce climatologue. Quand le temps est anticyclonique, le changement climatique rend ce temps encore plus chaud et sec comme cela a été le cas très régulièrement durant les années 2022 et 2023. Toutefois, quand le temps est plus dépressionnaire, le changement climatique apporte au contraire bien plus d'humidité comme c'est le cas depuis l'automne 2023.
Selon Robert Vautard, la fréquence de ces régimes météo en Europe n'est pas véritablement modifiée par le changement climatique mais ce sont plutôt leurs conséquences qui sont aggravées. En d'autres termes, les périodes de sécheresse ou de chaleur sont d'autant plus intenses et les périodes humides le sont encore plus. « Ce sont deux facettes du même problème : de la chaleur excessive ou bien des pluies excessives ».
L'organisation World Weather Atribution confirme d'ailleurs ce constat, les jours pluvieux comportent aujourd'hui 30% plus de pluie que pendant la période préindustrielle, ce qui favorise les événements extrêmes comme ceux qu'a connu la France ces derniers mois. Ainsi, lorsque cette période de temps excessivement humide se terminera, il est probable que notre pays connaisse à nouveau une succession d'années plus sèches comme ce fut le cas avant cet automne, qui pourront être entrecoupées de périodes très (trop) humides comme celle que nous connaissons actuellement.