Pluies diluviennes et inondations meurtrières en Espagne : comment expliquer une telle catastrophe ?

Jusque là épargnée par les intempéries automnales, l'Espagne a été frappée par des inondations d'une ampleur catastrophique ces dernières heures. La région de Valence et l'Albacete ont été en partie dévastées, avec des dizaines de victimes. Comment expliquer de telles conséquences ?

L'orage stationnaire a laissé derrière lui des paysages dévastés dans la région de Valence, notamment.
L'orage stationnaire a laissé derrière lui des paysages dévastés dans la région de Valence, notamment.

La goutte froide responsable des intempéries meurtrières en Espagne n'est pas nouvelle : c'est elle qui a généré les inondations dans le Gard, le Var ou encore les Alpes-Maritimes le week-end dernier. Elle a, depuis, continué sa route en direction de la Péninsule Ibérique. C'est donc elle qui est à l'origine de ces pluies diluviennes et de ces inondations dramatiques.

Rappelons également que ces intempéries avaient été annoncées par les services météorologiques espagnols puisqu'une alerte rouge avait été émise dès mardi matin. Alors comment expliquer un bilan humain aussi lourd (95 morts selon les derniers chiffres officiels et encore très provisoires) ?

Plusieurs facteurs aggravants et concomitants

Si l'épisode pluvio-orageux avait été prévu et anticipé, les quantités de précipitations ont été plus importantes que celles envisagées avec près de 500 mm tombés en seulement 8 heures à Chiva près de Valence, dont 343 mm entre 16h30 et 20h30, soit pile à l'heure de pointe. L'AEMET (Agence de l'Etat de METéorologie) avait annoncé jusqu'à 200 mm de pluie en quelques heures.

Ces précipitations sont par ailleurs tombées dans une région similaire à la Côte d'Azur avec un relief important dans l'arrière-pays. Les intempéries se sont alors bloquées durant plusieurs heures dans ce secteur avec toutes ces précipitations qui ont fini par affluer en direction de la plaine.

Les dégâts après le passage de l'orage sont dantesques, certains villages sont totalement défigurés.
Les dégâts après le passage de l'orage sont dantesques, certains villages sont totalement défigurés.

Cette zone est également densément peuplée (plus de 2 millions d'habitants) et avec une urbanisation massive qui aggrave la situation lorsque ce genre de phénomène se produit. Par ailleurs, cette région est touchée par une sécheresse extrême depuis près de 3 ans. Ainsi, les sols étaient extrêmement secs et durs, ce qui a amplifié le phénomène de ruissellement.

Une culture du risque absente ?

Avec les différents facteurs énumérés plus haut, tout était malheureusement réuni pour qu'une véritable catastrophe se produise. Si ce phénomène que sont les pluies méditerranéennes en automne a toujours existé, le réchauffement climatique l'accentue et devient alors extrême.. Le dernier épisode aux conséquences similaires s'était produit à la mi-octobre 1957. 81 personnes avaient alors trouvé la mort dans les inondations de Valence où il était tombé environ 400 mm de pluie en deux jours. Cette fois, cette quantité s'est produite en seulement 4 heures...

Il doit également se poser la question de la culture du risque qui semble être absente ou avoir été oubliée par les Espagnols. En effet, l'est et le sud-est du pays possèdent un climat méditerranéen et ces épisodes de pluies en sont une des caractéristiques. Comment alors expliquer qu'avec une alerte rouge, des dizaines de milliers d'habitants étaient dehors, sur les routes, dans les centres commerciaux ou bien sur leur lieu de travail en plein pic de l'épisode orageux ?

Si les services météo semblent avoir fait leur travail, les services de l'Etat ont-ils failli ? Les Espagnols ont-ils été imprudents voire inconscients ? Un retour d'expérience sur cet épisode d'intempéries sera nécessaire pour ne pas revivre à l'avenir une telle catastrophe...

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