Pays de la Loire, Île-de-France... : comment expliquer des inondations aussi étendues après le passage de Kirk ?
De nombreux cours d'eau débordent dans le Nord-Ouest du pays, mais aussi en Île-de-France et vers la frontière belge, après le passage de la dépression Kirk. Comment expliquer ces inondations étendues ? Pourquoi les sols n'ont-ils pas pu absorber cette eau ?
Presqu'un tiers de la France a connu en 24h des précipitations phénoménales, liées au passage de l'ancien ouragan Kirk, particulièrement entre les Pays-de-la-Loire, l'Île-de-France et la Champagne-Ardenne. Localement, les 100mm de pluies ont été approchés sur cet épisode, l'équivalent parfois d'un mois et demi de pluie : un coup de grâce après déjà plusieurs séquences humides ininterrompues.
Le résultat est inquiétant : outre les fossés, les champs, les rivières qui débordent, le réseau routier urbain inondé, certains cours d'eau sont sortis de leur lit de manière remarquable. C'est le cas du Grand Morin, en Seine-et-Marne, en vigilance rouge, mais aussi du Loir, de l'Oise, de l'Eure, du Chiers, de l'Huisne, de la Marne et de la Sèvre Nantaise, en vigilance orange. Comment expliquer ces débordements très étendus ?
Du jamais vu en automne à Paris depuis 1920 !
Revenons sur cette journée historique du mercredi 9 octobre 2024 : entre 8h et 18h, Noirmoutier, en Vendée, a reçu 73,5 mm de pluie. Sur 24h glissantes, le cumul frôle même les 100mm, soit 100 litres d'eau par m² ! C'est à Trappes (Yvelines), que Kirk a déversé la plus grande quantité d'eau sur cette journée climatologique (depuis 6h UTC), avec 80,3mm, battant le record mensuel d'octobre 1920.
Sur une bande allant des Pays de la Loire aux Ardennes en passant par la région parisienne, les cumuls de pluie sur 24h glissantes atteignent 50 à 80mm, 88mm même à Pornic. À Paris, avec 70,8 mm, cette journée d'automne est la plus pluvieuse depuis le 17 octobre 1920 (74,1 mm), ce n'est donc que la deuxième fois qu'une telle quantité d'eau tombe sur la capitale hors orages estivaux.
Des cumuls qui correspondent parfois à ce qu'il tombe en un mois ou un mois et demi de "pluies classiques", avec à la clé des records absolus : jamais il n'avait autant plus en une journée à Roissy (Val-d'Oise), une station météo ouverte en 1974. Et ce jeudi, des averses parfois orageuses devraient encore apporter quelques millimètres de pluies supplémentaires sur certaines zones inondées...
Il y a Kirk, mais pas seulement...
Cette situation très particulière du 9 octobre est due au passage sur la France de l'ex-ouragan Kirk, qui est venu mourir sur notre pays sous la forme d'une dépression à cœur chaud : contrairement aux dépressions classiques de nos latitudes, à cœur froid, ce type de phénomène contient énormément d'eau "précipitable" dans les nuages qui le constituent.
D'où les pluies à caractère presque tropical qui ont touché le pays : la masse d'air qui a survolé la France était d'ailleurs d'origine tropicale, douce et humide, et cette masse d'air a fourni l'énergie nécessaire aux fortes précipitations. Ce n'est que la 5e fois depuis l'an 2000 que ces régions connaissent des cumuls de pluie aussi significatifs en automne (jusqu'à 80 mm en 1 jour).
Kirk s'inscrit aussi dans un contexte particulier : depuis octobre 2023 (un an), nous enchaînons les périodes perturbées et humides, avec très peu d'accalmies. Les mois excédentaires en pluie se succèdent, le dernier en date étant septembre 2024, le mois de septembre le plus pluvieux depuis 25 ans sur la France !
À cela s'ajoutent des nappes phréatiques pleines (70% sont au-dessus de la normale), des sols saturés d'eau, une végétation qui n'en a plus besoin en cette saison, et des villes souvent très bétonnées... Résultat, ces excédents de pluies provoquent des réactions immédiates et rapides des cours d'eau, et inondent des quartiers entiers. La suite de l'automne-hiver, si elle est pluvieuse, sera risquée...
Références de l'article :
Déjà l'équivalent d'un an de pluie dans plusieurs villes - Météo-France
Fortes pluies et vents violents au passage de l'ex ouragan Kirk - Météo-France