Alerte : la foudre déclenche de plus en plus d'incendies majeurs en dehors des tropiques
Le réchauffement climatique favorise la formation d'orages de plus en plus nombreux dans les régions extratropicales, ce qui engendre également un nombre croissant d'incendies majeurs déclenchés par la foudre.
D'après une récente étude, les incendies majeurs concernant les régions en dehors des tropiques comme ceux qui ont touché le Canada cette année sont principalement déclenchés par la foudre et le changement climatique favorise la formation d'orages de plus en plus nombreux sur ces secteurs.
Des incendies de plus en plus importants causés par la foudre
L'année 2023 restera dans les annales en terme de feux de forêts du côté du Canada où plus de 18 millions d'hectares sont partis en fumée depuis le printemps pour un total de plus de 6 500 feux de forêts. Or, la majorité de ces incendies n'ont pas été déclenchés par l'Homme, de façon accidentelle ou non, mais par la foudre. Qu'en est-il toutefois à l'échelle de la planète ? Le réchauffement climatique va-t-il favoriser ce type d’événements ?
Afin de tenter de répondre à ces questions, des scientifiques ont utilisé des outils d'apprentissage automatique (s'apparentant à de l'intelligence artificielle) afin d'élaborer une carte mondiale des incendies de forêt en fonction de leurs causes de déclenchement, qu'ils ont récemment publié dans Nature Geoscience au début du mois de novembre.
Les résultats de cette étude ont démontré que 77% des surfaces brûlées dans les forêts extratropicales sont liées à des incendies déclenchés par la foudre. Toutefois, l'Homme reste la principale cause des incendies à l'échelle mondiale d'après ces mêmes résultats, notamment près des tropiques.
Néanmoins, cette étude démontre également que si le nombre total d'incendies à diminué dans le monde au cours des deux dernières décennies, il a en revanche considérablement augmenté dans les forêts situées en dehors des tropiques, que ce soit du côté de la Sibérie, du Canada ou encore de l'Australie par exemple. Or, c'est précisément dans ces secteurs que la foudre représente le principal déclencheur de ces incendies.
Les scientifiques en charge de cette étude ont également constaté que la fréquence de la foudre dans les forêts les plus septentrionales augmentait de façon importante au fur et à mesure que la planète se réchauffe. Par exemple, la fréquence de la foudre sur ces régions augmente de 11 à 31% pour chaque degré de réchauffement planétaire.
Sachant que le GIEC prévoit un réchauffement planétaire de +3°C d'ici 2100 dans son scénario médian, on peut donc s'attendre à de plus en plus d'incendies majeurs dans les forêts boréales et tempérées suite à des chutes de foudre. Un simple éclair peut en effet provoquer la formation de mégafeux comme ceux qui ont pu toucher le Canada cette année où ceux qui ont concerné l'Australie entre 2019 et 2020.
Un véritable cercle vicieux
Les forêts et les sols forestiers sont connus pour être d'importants puis de carbone, c'est à dire qu'ils stockent une grande partie du CO2 atmosphériques car celui-ci est nécessaire à leur développement. Toutefois, lorsqu'ils brûlent ces grandes quantités de dioxyde de carbone sont de nouveau relâchées dans l'atmosphère, ce qui accentue donc le réchauffement, favorise les orages et enfin la formation de nouveaux feux suite à la foudre, créant un véritable cercle vicieux pour le climat et les forêts boréales.
De plus, quand le dégel du permafrost s'en mêle, ce cercle vicieux devient un véritable emballement qu'il est difficile de contrecarrer. En effet, de nombreuses surfaces forestières se trouvent en contact avec ces sols gelés dans les régions les plus septentrionales et les incendies ou même simplement le réchauffement en lui-même pourraient en faire fondre près de 30% d'ici la fin du siècle, ce qui relâcherait encore plus de gaz nocifs pour notre atmosphère et accentuerait donc le réchauffement climatique...
Si l'Homme ne peut pas lutter contre la foudre ou en tout cas l'empêcher de se produire, il peut en revanche limiter le réchauffement climatique en influant sur les gaz à effet de serre. La mesure la plus efficace est, d'après les scientifiques, de réduire considérablement nos émissions dans les prochaines années afin de limiter les conséquences sur nos forêts et notre climat.