Océans, agriculture : que va changer l'accord européen sur le texte-clé de la biodiversité ?
Restauration de la nature et de la biodiversité, mais recul sur l'agriculture : c'est le bilan de l'accord européen conclu sur un texte-clé après d'âpres discussions. Que va-t-il changer concrètement ? Séquence explications.
C'est un projet-clé sur la restauration de la nature et de la biodiversité qui vient d'être adopté par l'Union européenne avec un accord qu'on n'attendait plus entre les Etats-membres et le Parlement européen jeudi dernier. Si ce texte est considéré par certains comme "historique", il marque aussi un renoncement dans le domaine de l'agriculture, pour des raisons électoralistes...
20% des espaces marins restaurés d'ici 2030
Que va changer ce texte ? Tout d'abord, il obligera les 27 Etats-membres à mettre en œuvre des mesures pour restaurer la nature sur 20%, au moins, des terres et des espaces marins de l'Union européenne. Un accord trouvé au forceps après des heures de discussions intenses, et qui met donc les mers et océans au même niveau que le continent.
Le président de la Commission sur l'environnement au Parlement européen, Pascal Canfin, a salué un "résultat historique qui définit des règles ambitieuses et praticables par tous". Précisons toutefois que ce texte, proposé dès 2022, avait été jusqu'alors bloqué par le Parti populaire européen (PPE), formation de droite du Parlement, qui refusait son adoption.
Au final, le texte reprend les dispositions de l'accord international signé lors de la COP15 Biodiversité, avec l'obligation pour les 27 pays de l'UE de restaurer d'ici 2030 au moins 30% des habitats naturels dégradés (ce qui correspond à 20% des espaces terrestres et marins), 60% d'ici 2040 puis 90% d'ici 2050. Cela constitue une excellente nouvelle pour les prairies, les tourbières, les lacs ou les coraux.
Une mesure essentielle lorsque l'on sait que 80% des habitats naturels dans l'UE sont dans un "mauvais" état de conservation et 70% des sols en mauvaise santé. La raison est triple : la pollution, l'urbanisation et l'exploitation agricole intensive, un trio entièrement dépendant des activités humaines.
Trop tard, trop édulcoré ?
Toutefois, des critiques provenant des associations de défense de l'environnement ont très vite essaimé, en mettant en exergue certains éléments ayant été édulcorés du texte, tous s'accordant malgré tout de l'étape cruciale qu'il représente pour la restauration de la vie marine dans les océans. Avec un écueil : ces mesures auraient dues être prises il y a bien longtemps...
Enfin, ce qui constitue une victoire pour la droite européenne est un échec pour les défenseurs de la biodiversité : la disposition qui prévoyait de renaturer 10% des terres agricoles a été supprimée lors des négociations. La droite, qui cherche à s'accaparer le vote des agriculteurs pour les prochaines élections européennes, a considéré que cette mesure allait mettre à mal la sécurité alimentaire en Europe...