Nuages bas, grisaille, brumes, brouillards : pourquoi ont-ils parfois du mal à se dissiper en cette saison ?

Alors que la France connaît en ce moment des après-midis très ensoleillés, le matinées sont bien plus grises, avec brouillards et grisaille au programme dans de nombreuses régions, parfois tenaces. Pourquoi ont-ils autant de mal à se dissiper ?

Si l'on excepte les régions du Sud-Est de la France, une grande partie du pays est en train de connaître ce jeudi sa troisième journée consécutive plutôt agréable et ensoleillée, même si ce constat est surtout valable pour l'après-midi, puisqu'en matinée, les nuages bas, la grisaille, les brumes et les brouillards s'imposent et s'en donnent à cœur joie, avec des visibilités réduites, en mode "purée de pois".

C'était notamment le cas hier matin : dans certaines régions, comme en Bretagne, en Normandie, en Dordogne, en Picardie, en Champagne, en Île-de-France, ces phénomènes de basses couches (c'est leur nom) ne se sont dissipés qu'à la mi-journée, voire pas du tout dans l'Est de l'Auvergne, le Mâconnais, le Dijonnais et le piémont pyrénéen central. Comment l'expliquer, alors que l'anticyclone domine ?

Hautes pressions et humidité font mauvais ménage

Si anticyclone rime souvent avec temps sec et ensoleillé l'été, ce n'est pas forcément le cas à la fin de l'automne ou en hiver. À cette époque de l'année, dès la fin octobre, les hautes pressions ont tendance à agir comme un couvercle, en piégeant l'humidité au sol, dans les basses couches de l'atmosphère. D'où la formation de grisaille ou de brouillards.

Voici le cocktail typique pour observer du brouillard ou de la grisaille en automne et en hiver : un anticyclone qui suit une période pluvieuse, une absence de vent, et un apport d'humidité liée à la géographie (littoral, cours d'eau, forêt...).

Le brouillard observé ces derniers jours est un brouillard de rayonnement : la nuit, les sols se refroidissent plus vite que l'air, un refroidissement accentué par la conduction thermique, l'eau finit donc par condenser. Généralement, ce brouillard se dissipe en matinée sous l'action du rayonnement solaire ou du vent, et avec le réchauffement progressif des températures.

Image satellite mercredi 23 octobre midi
Hier à midi, une grande partie des plaines du Sud-Ouest, de l'Auvergne-Rhône-Alpes, du Jura et de l'intérieur de la Bretagne étaient encore sous la grisaille ou le brouillard.

Quant à la grisaille, celle-ci a tendance à se former (par condensation aussi, en gouttelettes, sous la forme de nuages bas) lorsque de l'air chaud et humide se déplace vers des régions plus froides, ou lorsque de l'air chaud ascendant rencontre de l'air froid en altitude. Mais alors pourquoi, après leur formation, ces brouillards et grisailles ont parfois persisté ?

Parce qu'outre ces conditions anticycloniques automnales, le vent était pratiquement absent : compliqué alors de les dissiper. Mais la cause la plus importante est sans doute la faiblesse du rayonnement solaire : à partir de la fin octobre, la chaleur du soleil devient insuffisante pour réchauffer l'atmosphère et dissiper cette grisaille. Tout ceci est tout de même aléatoire et difficile à prévoir...

Dans certaines régions connues pour leur humidité (les vallées, les piémonts, les cours d'eau, le littoral, les forêts, les marais), la grisaille peut parfois perdurer pendant plusieurs jours sans se dissiper. C'est par exemple le cas en plaine d'Alsace, dans le Val de Saône, ou encore le Centre-Val-de-Loire. À Dax, dans les Landes, on observe du brouillard 105 jours par an, un record en plaine !

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