Ce nouveau genre d'organisme découvert dans notre bouche et nos intestins est-il dangereux ?
Le mot "viroïde" vous fait peur ? Peut-être lui préférez-vous le terme "obélisque" ? En tout cas, ce nouveau genre d'organisme découvert par des chercheurs dans notre bouche et nos intestins est étonnant : mais est-il plutôt dangereux ou bénéfique ?
Transportons-nous des "obélisques" dans notre bouche et dans nos intestins ? Oui, à en croire l'étude prépubliée par des chercheurs de l'université de Stanford (en Californie), sur la plateforme BioRxiv le 21 janvier dernier. Ces particules, un genre nouveau de viroïde, distinct des virus et des autres organismes vivants, sont-elles dangereuses ? Que peuvent-elles apporter à la science ?
La découverte de "choses folles" !
Cette équipe de chercheurs a collecté et analysé les séquences génétiques du microbiome digestif humain, autrement dit les bactéries présentes dans notre bouche et nos intestins. Dans ces micro-organismes, ils ont découvert des sortes de viroïdes un peu particuliers.
Un viroïde, c'est un agent infectieux (comme par exemple celui responsable de la maladie des tubercules en fuseau chez la pomme de terre, dramatique pour les rendements) composé uniquement d'ARN (il porte donc de l'information génétique), mais qui n'a pas besoin de molécule d'ADN pour se répliquer. Nommé ainsi depuis 1971, le viroïde n'a été pour le moment découvert que chez les plantes, mais certains spécialistes le mettent en cause dans la maladie de Crohn chez l'Humain.
Personne n'aurait donc pensé découvrir des viroïdes dans les bactéries de notre bouche ou de nos intestins ! "C'est fou !", a commenté le biologiste Mark Peifer auprès de la revue Science. "Plus nous regardons" dans notre système digestif, "plus nous voyons de choses folles", ajoute-t-il. Moins complexe qu'un virus, mais plus qu'un viroïde classique, puisqu'il peut parfois synthétiser des protéines, ce nouveau genre d'organisme a été nommé "obélisque".
Une mine d'or pour mieux connaître les virus ?
Comme l'ADN, l'ARN est capable de se replier sur lui-même pour former une ou plusieurs boucles : chez les virus et les viroïdes, cela aboutit à la formation de cercles. C'est donc en cherchant des séquences d'ARN formant des cercles que ces scientifiques ont mis au jour l'existence des "obélisques". Le résultat est significatif : ces "obélisques", 30.000 au total, se retrouvent dans 7% des bactéries des intestins et dans 50% des bactéries de la bouche chez l'Homme !
Vous vous posez sans doute la question : ces "obélisques" sont-ils dangereux pour notre santé ? L'honnêteté pousse à dire que nous n'en savons rien... Tout juste peut-on imaginer que s'ils ont un impact, il ne pourrait être qu'indirect, en influençant l'activité des bactéries qui les transportent dans notre système digestif. Chez les plantes, leur effet est par exemple tantôt neutre, tantôt bénéfique, tantôt néfaste...
Même si cet organisme n'appartient pas au monde "vivant", il reste bien mystérieux. Beaucoup de scientifiques saluent néanmoins la "grande créativité" de ces chercheurs. Leurs résultats pourraient nous en apprendre davantage sur l'émergence des virus : viennent-ils ou non des viroïdes, ou est-ce l'inverse ? Quels sont encore les mystères non révélés de notre système digestif et de nos intestins ?