Nombreux records et océans en surchauffe : quelles en sont les raisons ?
Les océans sont en surchauffe depuis le mois de mars 2023 avec de très nombreux records battus. Si certains paramètres pourraient expliquer cette situation exceptionnelle, nous pourrions entrer rapidement dans l'inconnu sur la situation persiste.
La température moyenne de la surface des océans dépasse tous les précédents records depuis maintenant un an. Trois facteurs pourraient permettre d'expliquer en partie ces températures exceptionnelles, mais ces explications pourraient devenir caduques si la situation persiste dans les prochains mois.
Des températures bien trop élevées depuis un an
Il y a un an, en mars 2023, la température moyenne de la surface des océans de la planète commençait une ascension fulgurante qui allait rapidement conduire à un nouveau record (21,1°C) depuis le début relevés le mois suivant, soit un dixième de plus que le précédent record atteint 7 ans auparavant en mars 2016.
Depuis, ce record a été de nouveau battu à plusieurs reprises et, au lieu de baisser progressivement comme c'est généralement le cas, les températures de surface des océans se sont maintenues à des niveaux records durant les 12 mois suivants, une situation devenant inquiétante.
En ce mois de mars 2024, alors que les températures restent situées au-dessus des précédents records, une valeur moyenne de 21,2°C a pu être relevée, ce qui constitue de nouveau un record absolu. Le thermomètre continue en effet de grimper depuis le début de l'année et la tendance ne semble toujours pas vouloir s'inverser.
Jusqu'à aujourd'hui, le phénomène climatique planétaire El Niño semblait fournir un semblant d'explication quant à ces températures océaniques exceptionnellement élevées. Pourtant, de nombreux scientifiques sont maintenant dubitatifs, en effet, l'augmentation des températures océaniques a commencé avant le début d'El Niño durant le mois de mars 2023 et l'ampleur des records battus dépasse ce que l'on observe habituellement durant ces périodes. Ainsi, « El Niño ne semble pas suffire à expliquer ce qui se produit depuis maintenant un an » d'après Gavin Schmidt, directeur de l'Institut Goddard d'études spatiales de la NASA.
Plusieurs paramètres supplémentaires ayant pu contribuer aux records de températures
D'après un article parvenu dans le New Yorker à la mi-mars, les climatologues mettraient en avant trois autres pistes ayant pu favoriser ces températures océaniques exceptionnellement élevées à travers le monde.
L'éruption du Volcan Hunga Tonga-Hunga Ha'apai dans l'archipel des Tonga a rejeté de très importantes quantités de vapeur d'eau dans l'atmosphère durant plusieurs jours. Or, la vapeur d'eau est le principal gaz à effet de serre d'origine naturelle, ce qui pourrait expliquer pourquoi les températures sont très élevées ces derniers mois, tant au niveau des océans qu'au niveau de l'air.
L'intensification de l'activité solaire à l'approche du pic du cycle 25 attendu entre 2024 et 2025 pourrait également être à l'origine d'un réchauffement planétaire temporaire comme cela a déjà été observé durant le passé.
La réduction, en raison des réglementations entrées en vigueur en 2020, de la quantité de soufre dans le carburant utilisé pour le transport maritime pourrait également être un paramètre favorisant un réchauffement des océans. En effet, ce type de pollution atmosphérique réfléchit par des effets directs et indirects la lumière du soleil vers l'espace, ce qui pourrait donc avoir comme effet d'augmenter la quantité d'énergie solaire absorbée par les océans et donc favoriser leur réchauffement.
Allons-nous vers l'inconnu ?
Ces différentes pistes ne sont toutefois que des suppositions de la part de la communauté scientifiques. Il est aujourd'hui difficile d'établir si celles-ci ont véritablement causé ce réchauffement exceptionnel, si l'une d'entre-elles est plus importante qu'une autre ou si l'augmentation des températures est au contraire une combinaison des trois, en plus du phénomène climatique El Niño.
Le phénomène climatique La Niña devrait prendre le relais à El Niño dans les prochains mois et conduire à des conditions plus neutres. Ainsi, les températures des océans devraient de ce fait s'aligner de nouveau sur les tendances à long terme et mettre potentiellement fin à ce réchauffement anormal.
Toutefois, si ce n'est pas le cas, alors l'année 2023 pourrait être considérée comme un prémisse d'un véritable emballement du climat que les modèles de prévision climatique n'avaient pas anticipé. Un scénario très inquiétant pour l'avenir car nous rentrerions alors dans l'inconnu.