"Noël au balcon, Pâques au Tison" : ce dicton est-il toujours véridique ?
Chaque Noël doux est-il systématiquement suivi d'une période de Pâques fraîche comme le veut le dicton "Noël au balcon, Pâques au tison" ? Des météorologues français ont analysé des dizaines d'années de données pour tenter de répondre à cette question.
Les températures se montrent agréables pour les fêtes de Noël ? Alors il est fortement probable que vous entendiez au détour d'une conversation ce fameux dicton « Noël au balcon, Pâques au tison ». Mais cette expression a-t-elle vraiment du sens ? Des météorologues se sont penchés sérieusement sur la question.
Comment tester la véracité de ce dicton ?
L'expression « Noël au balcon, Pâques au tison » daterait du 15ème ou du 16ème siècle selon Sylvie Brunet, autrice de l’ouvrage 150 proverbes et expressions expliqués. Celle-ci évoque des températures clémentes pour la période de Noël permettant de passer les fêtes en extérieur tandis que « Pâques aux tisons » fait plutôt référence à la nécessité de se réchauffer près du feu, symbolisée par les tisons, en raison de températures bien basses pour le printemps.
Si l'on en croit ce vieux dicton, un Noël doux serait donc forcément suivi d'une période de Pâques fraîche. Mais est-ce vraiment le cas ? Afin de répondre à cette question, trois météorologues ont analysé et comparé les anomalies de températures relevées en France région par région entre 1947 et 2021 durant les fêtes de Noël et à Pâques grâce aux données recueillies par Météo-France.
Ceux-ci ont pris comme référence la moyenne climatologique de 1991 à 2020, utilisant un seuil de +1,5°C d'anomalie de température pour identifier un « Noël au balcon » et un seuil de -1,5°C d'anomalie pour un « Pâques au tison ». Cette analyse, publiée sur le site spécialisé Météo et climat au début du mois de novembre 2024 a ainsi permis de mettre en évidence les années où le dicton se vérifiait.
L'expression se vérifie-t-elle régulièrement ?
Les résultats de l'étude en question montrent que, globalement, ce fameux dicton est loin de se vérifier de façon récurrente. En effet, sur les 75 années de données, « Noël au balcon, Pâques au tison » n'a été d'actualité que 11 fois, soit environ 3 fois par décennie. Parmi ces années, on trouve des exemples comme 1959, 1974, 1985 et 2000 où la journée de Noël s'était montrée bien douce en France tandis que Pâques s'était déroulé sous une vive fraîcheur.
Récemment, on peut citer l'exemple des années 2012/2013 où ce dicton s'était effectivement montré véridique. On avait par exemple pu relever jusqu'à 12,4°C à Paris le 25 décembre 2012 (plus de 4°C au-dessus des normales) alors que le thermomètre n'avait pas dépassé les 6,6°C durant la journée du 31 mars 2013 avec même quelques chutes de neige au nord de la Seine.
D'une manière générale, c'est dans les Hauts-de-France que ce dicton se montre le plus « souvent » véridique, celui-ci s'étant vérifié 16 fois depuis 1947. À l'inverse, c'est en Corse qu'il est le plus loin de la vérité puisque seuls 3 cas ont été recensés entre 1947 et 2021 par les chercheurs. À l’échelle nationale, le dicton ne se vérifie que rarement, et les années où il est vrai ou faux ne suivent pas de règles précises.
Un résultat logique
Cette étude montre donc que les conditions météorologiques de Pâques ne sont pas dépendantes de celles de Noël et que ce dicton ne peut pas être considéré comme crédible. En effet, les températures entre deux périodes si éloignées l'une de l'autre, se produisant qui plus est durant deux saisons différentes, ne peuvent pas être liées et les années où les conditions météorologiques ont permis à ce dicton de se vérifier sont très certainement dues au hasard.
L'étude met également en avant que la répartition géographique joue un rôle. Il est en effet plus « courant » que ce dicton se vérifie en allant vers le Nord de la France et inversement plus au Sud car il est tout simplement plus fréquent que de l'air frais voire froid circule encore jusqu'à la période de Pâques à des latitudes plus élevées, autrement dit sur le Nord du pays.
En conclusion, « Noël au balcon, Pâques au tison » n'a aucune base scientifique, les températures de Noël ne peuvent tout simplement pas prédire celles de Pâques. Si des exceptions notables ont certainement alimenté la persistance de cette croyance au fil des années, il n'existe aucune preuve que cette expression, comme beaucoup d'autres liées à la météorologie et au climat, soit vraie.
Référence de l'article :
« Noël au balcon, Pâques au tison », le fameux dicton dit-il vrai ? Des météorologues tranchent, Ouest-France (19 décembre 2024), Noémie Dambrin