Neige, gel, vague de froid : est-ce encore possible au mois d’avril ?
Avec l’arrivée du mois d’avril et des beaux jours, on a tendance à oublier que l’hiver n’est pas si loin derrière nous. Il peut ainsi encore faire des siennes, apportant du froid voire de la neige. Doit-on s’y attendre au cours des prochaines semaines ?
Dans le contexte de changement climatique que nous connaissons depuis plusieurs années, les premières chaleurs de l’année ont tendance à se manifester de plus en plus tôt, preuve en est avec les dizaines de records de chaleur mensuels battus mercredi 29 mars. Sauf qu’en réalité, nous étions encore en hiver le mois dernier et il n’est pas dit qu’il ne revienne pas nous faire un petit coucou au cours des prochaines semaines. Les jardiniers restent d’ailleurs prudents, généralement jusqu’aux Saints de Glace (11, 12 et 13 mai) connus pour leur célèbre dicton "Saint-Servais, Saint-Pancrace et Saint-Mamert font à eux trois un petit hiver" écartant le risque de gel après cette période…
Le gel tardif, un risque récurrent depuis 2017
Les températures négatives de cette semaine sont bien la preuve que l’hiver n’a peut-être pas encore dit son dernier mot… Comme l’année dernière, comme en 2021, en 2019 ou en 2017, le froid a fait son retour ces derniers jours avec un mercure nocturne repassant dans le négatif. Ce mercredi s’annonce comme la matinée la plus froide de la semaine avec des minimales de l’ordre de -4 à 0°C sur les deux tiers du pays. Si ce gel tardif inquiète les arboriculteurs ou les viticulteurs, la situation est nette moins critique que l’année dernière à la même époque. Ainsi, le 4 avril 2022, la moyenne nationale affichait au petit matin -1,5°C selon la valeur obtenue à partir de la moyenne sur 30 stations météo représentatives. Cette valeur était tout simplement inédite en avril depuis la prise en compte de cet indicateur thermique national, en 1946. Le précédent record datait du 12 avril 1986 avec -1,4°C. Parmi les autres valeurs remarquables, on notera les -6°C de Nancy (Meurthe-et-Moselle) qui correspondent à la nuit la plus froide de toute la saison hivernale ou encore le 0°C tout pile de L’Île-d’Yeu, marquant le 1er jour de gel en avril sur l’île vendéenne depuis le début des relevés en 1944.
Même constat l’année précédente, début avril 2021. Quelques jours après une période de douceur exceptionnelle à la fin du mois de mars avec plusieurs records battus, un flux de nord s’était mis en place sur le pays, apportant une masse d'air polaire. Des gelées parfois marquées ont ainsi fait leur retour entre le 6 et le 8 avril avec de nombreux records de froid battus : les valeurs minimales sont alors souvent comprises entre -3 et -6°C et localement jusqu’à -8°C. Les fruitiers comme la vigne ont ainsi connu d’importants dégâts avec des parcelles parfois détruites à 100 % dans le Grand Est, en vallée du Rhône, dans les départements méditerranéens ou encore dans le vignoble nantais.
Mais bonne nouvelle pour cette année, l’épisode de froid tardif est moins intense et moins durable puisque dès jeudi, le risque de gel faiblira pour se concentrer dans les départements les plus à l’est. Il disparaîtra ensuite des plaines la semaine prochaine.
Des flocons de plus en plus rares au printemps
S’il y a un an quasiment jour pour jour la neige s’invitait jusqu’en plaine avec des paysages blanchis dans de nombreuses régions, les flocons deviennent rares en avril, la faute au réchauffement climatique. Il faut remonter au début des années 2000 ou aux années 1990 pour retrouver des chutes de neige en plaine de manière plus conséquente. Par le passé, les paysages blancs début avril étaient même fréquents avec par exemple 2 cm mesurés à Dijon le 10 avril 2003, 14 cm à Grenoble le 15 avril 1999 ou encore 10 cm à Bourges un an plus tôt. Pour remonter encore plus loin, les habitants de la côte d’Opale se souviennent certainement des congères de 50 cm à Boulogne-sur-Mer le 14 avril 1966 !
Cette année, le risque de neige en avril semble très faible voire nul. Avec la remontée des températures au cours des prochains jours, le risque ne sera pas d’actualité d’ici la mi-avril. Au-delà, les statistiques indiquent une probabilité se rapprochant de 0, même si une surprise ne peut être jamais exclue…