Neige, gel, vague de froid : des phénomènes possibles au printemps en France, mais jusqu'à quand ?
Après les pics de chaleur exceptionnelle des deux précédents week-ends, on a tendance à oublier que l’hiver n’est pas si loin derrière nous. Il peut ainsi encore faire des siennes, apportant du froid voire de la neige en avril voire même au mois de mai...
Dans le contexte de changement climatique que nous connaissons depuis plusieurs années, les premières chaleurs de l’année ont tendance à se manifester de plus en plus tôt, preuve en est avec les dizaines de records de chaleur mensuels battus les 6, 13 et 14 avril derniers. Mais l'hiver n'a peut-être pas encore dit son dernier mot... Les jardiniers restent d'ailleurs prudents, généralement jusqu’aux Saints de Glace (11, 12 et 13 mai) connus pour leur célèbre dicton "Saint-Servais, Saint-Pancrace et Saint-Mamert font à eux trois un petit hiver" écartant le risque de gel après cette période…
Le gel tardif, ce risque devenu habituel ces dernières années
Les températures négatives attendues jusqu'en plaine en deuxième partie de semaine sont bien la preuve que l’hiver n’a peut-être pas encore dit son dernier mot… Comme en 2022, en 2021, en 2019 ou en 2017, les thermomètres repassent en dessous du 0°C alors que les premiers pics de chaleur du printemps se sont déjà produits. Si ce gel tardif inquiète les arboriculteurs ou les viticulteurs, la situation est nettement moins critique qu'il y a deux ans, à peu près à la même époque.
Ainsi, le 4 avril 2022, la moyenne nationale affichait au petit matin -1,5°C selon la valeur obtenue à partir de la moyenne sur 30 stations météo représentatives. Cette valeur était tout simplement inédite en avril depuis la prise en compte de cet indicateur thermique national, en 1946. Le précédent record datait du 12 avril 1986 avec -1,4°C.
Même constat l’année précédente, début avril 2021. Quelques jours après une période de douceur exceptionnelle à la fin du mois de mars avec plusieurs records battus, un flux de nord s’était mis en place sur le pays, apportant une masse d'air polaire. Des gelées parfois marquées ont ainsi fait leur retour entre le 6 et le 8 avril. Résultat : les fruitiers comme la vigne ont connu d’importants dégâts avec des parcelles parfois détruites à 100 %.
Rappelons que les dates moyennes des dernières gelées en plaine se situent généralement entre le 15 et le 20 avril, jusqu'au 25 avril pour les plus tardives dans les régions du nord-est. Ces dates calculées sur la période 2000-2020 se produisent en moyenne aujourd'hui une quinzaine de jours plus tôt que les dates calculées sur la période 1980-2000, conséquence directe du réchauffement climatique.
Des chutes de neige printanières de plus en plus rares
S’il y a quasiment deux ans jour pour jour la neige s’invitait jusqu’en plaine avec des paysages blanchis dans de nombreuses régions, les flocons deviennent rares en avril, la faute au réchauffement climatique. Il faut remonter au début des années 2000 ou aux années 1990 pour retrouver des chutes de neige en plaine de manière plus conséquente.
Par le passé, les paysages blancs début avril étaient même fréquents avec par exemple 2 cm mesurés à Dijon le 10 avril 2003, 14 cm à Grenoble le 15 avril 1999 ou encore 10 cm à Bourges un an plus tôt. Pour remonter encore plus loin, les habitants de la côte d’Opale se souviennent certainement des congères de 50 cm à Boulogne-sur-Mer le 14 avril 1966 !
Au cours des prochains jours, les flocons tomberont sur l'ensemble des reliefs, parfois en dessous des 1000 mètres d'altitude. Jeudi, la limite pluie-neige pourra ainsi temporairement s'abaisser entre 300 m et 500 m au petit matin dans un large quart nord-est du pays. Les sols blanchiront alors quasiment jusqu'en plaine...