Nature en ville : Marseille opère sa transition verte ! Comment la ville est-elle en train de se métamorphoser ?
Marseille, ville nature ? La cité phocéenne a pourtant longtemps été critiquée pour son manque d’espaces verts et son atmosphère polluée. Mais depuis quelques années, tout est mis en œuvre pour qu’elle devienne l’une des 100 villes européennes décarbonées d’ici 2030.
Récemment, les Marseillais ont vu fleurir des panneaux de sensibilisation aux quatre coins de la ville avec une photographie de jardin et un titre accrocheur : “Marseille, ville nature”. Une association pas forcément évidente tant la ville dégage de minéralité, entre le calcaire de ses calanques, les larges places pavées dénuées d’arbres et la vaste esplanade piétonne du Vieux-Port en dalles de pierre longtemps restée sans végétation.
Mais ces dernières années, la ville s’est peu à peu transformée. Les quais du Vieux-Port et la partie de la Canebière piétonne se sont vus parés de bacs de végétation et de cabanes en bois pour contrer les fortes chaleurs estivales.
Un territoire engagé pour la nature
En 2023, la Ville de Marseille a obtenu le label national "Territoire Engagé pour la Nature" pour la période 2023-2026. Il s’agit d’un dispositif ayant pour objectif d’accompagner et de valoriser les collectivités qui mettent en œuvre des actions en faveur de la biodiversité. “Nous œuvrons pour le retour de la nature dans notre ville afin que les Marseillais puissent vivre dans un cadre plus vert, plus digne et qui respire”, affirme Benoît Payan, le maire socialiste de Marseille depuis 2020.
Et de donner quelques chiffres à l’appui :
- 26 parcs et jardins ont été créés ou rénovés
- 12 hectares de nature (l’équivalent de 17 terrains de foot) ont été valorisés depuis 2020
- 100 000 arbres ont été plantés depuis 2020
Plus d’arbres dans les parcs et dans les écoles
La Direction des Parcs et Jardins, nouvellement nommée Direction de la Nature en Ville, œuvre au quotidien pour la préservation de la biodiversité afin de lutter contre les effets du réchauffement climatique, avec notamment la mise en place d’un plan arbres et d’un réseau d’arrosage connecté. Depuis 2020, 100 000 arbres ont déjà été plantés, l’objectif étant d’atteindre un total de 308 000 arbres plantés d’ici 2029.
Les cours de récréation sont elles aussi concernées par cette mue écologique. Aussi le plan arbres est-il déployé jusque dans les écoles afin d’apporter de l’ombre et de rendre l’air plus respirable en réduisant la pollution atmosphérique. Cette arborisation des cours d’école s’accompagne d’une végétalisation des sols pour limiter le bitume. Des parterres de végétaux et des matériaux naturels comme les copeaux de bois ou les pavés sont favorisés.
Privilégier les espèces endémiques
Le retour à la nature dans la ville s’accompagne de la valorisation d’espèces végétales méditerranéennes. Garrigue, chênes verts, pins d’Alep sont ainsi privilégiés et reproduits dans leur milieu naturel.
Des friches urbaines naturelles sont également laissées à l’état sauvage afin de laisser la nature reprendre ses droits. La Ville intervient simplement pour les nettoyer et éviter la présence d’espèces exotiques envahissantes.
Ces espaces de verdure permettent de dépolluer l’air, de récupérer les eaux de pluie et d’apporter de la fraîcheur. On en dénombre près de 300, comme la colline de la Garde autour de la basilique, particulièrement enchanteresse au printemps lorsqu’elle est parsemée de fleurs sauvages.
L’agriculture urbaine pour nourrir les citadins
Pour développer la nature en ville et favoriser la souveraineté alimentaire, la ville veut relocaliser l’agriculture urbaine en restaurant la ceinture maraîchère de la ville.
En 2021, cinq maraîchers se sont installés dans les quartiers Nord et Est de Marseille. Tous se sont tournés vers une pratique biologique, locale et durable. La métropole Marseille-Provence a choisi Marseille et ses “120 hectares de terres agricoles non valorisés” comme périmètre de test, avant de l’étendre au reste de son territoire.
Jardiner et partager
Dans les rues végétalisées, la nature s’invite même au cœur de la ville ! Plus de 205 adresses sont ainsi labellisées “Rue jardin” - une autorisation temporaire de 3 ans pour végétaliser une rue. Les demandes proviennent de particuliers ou d’associations animés par l’envie d’embellir leur cadre de vie.
Des jardinières leur sont offertes à condition qu’ils s’engagent à utiliser des méthodes de jardinage biologique et à assurer la propreté et la sécurité des lieux.
Et pour ceux qui souhaitent mettre davantage les mains dans la terre, près de 90 jardins collectifs se déploient sur le territoire marseillais. Avec là aussi, l’encadrement d’une charte énonçant les valeurs de respect de l’environnement et de promotion de la diversité. Une manière aussi de réinvestir les lieux publics pour se rencontrer et partager dans un cadre naturel agréable.