Mystère : quelle est cette méduse d'eau douce découverte dans un lac artificiel en France ? Doit-on s'inquiéter ?
Comment la Craspedacusta sowerbii, une méduse invasive originaire de Chine, s'est-elle retrouvée dans un lac artificiel en Charente-Maritime ? Est-elle dangereuse ?
Non, vous ne rêvez pas, il s'agit bien d'une méduse d'eau douce et le premier à avoir été surpris par cette découverte improbable est le papa du petit garçon à l'origine de la trouvaille. En réalité, il existe 3 espèces de méduses d'eau douce qui vivent dans le monde (ou en tout cas qui ont été recensées à ce jour). Seule la Craspedacusta sowerbii vit en Europe.
Alors que père et fils se promenaient le long de la plage artificielle du petit lac de Beauvallon, à Montguyon (Charente-Maritime), l'enfant dit à son papa avoir vu une méduse. Ce dernier n'y croit pas, comment aurait-elle pu atterrir dans cette ancienne carrière devenue une plage depuis plus de 20 ans ? En s'approchant, il réalise que son fils a raison : il y a bien plusieurs petites méduses qui nagent dans le lac. Elles ne sont pas plus grosses qu'une pièce de 2 euros.
À l'origine, cette espèce de méduse vivait dans les grands fleuves chinois. Elle a été repérée pour la première fois à Londres (Royaume-Uni), dans les bassins du jardin botanique Victoria en 1880. "Elle est arrivée avec les jacinthes d’eau douce qu’on faisait venir de Chine pour agrémenter les jardins, à cette époque", explique Guillaume Marchessaux, spécialiste des méduses et professeur à l'université de Palerme (Italie).
Avant de poursuivre : "On connaît mal cette espèce qui a élu domicile dans des lacs ou des étangs où, souvent, il n’y a pas d’activités humaines. On sait néanmoins que malgré sa discrétion, c’est une espèce invasive qui est aujourd’hui présente un peu partout en France, mais aussi dans le monde." Encore une fois, le dérèglement climatique est pointé du doigt dans la propagation de cette méduse...
Elle a été observée pour la première fois en France en 1891, dans les bassins du parc de la Tête d'or à Lyon, puis à Fougères (Île-et-Vilaine) en 1923 et en Dordogne en 1929. Depuis, elle est surtout recensée en Nouvelle-Aquitaine et en région Auvergne-Rhône-Alpes. Comment parviennent-elles à se propager d'un point d'eau à un autre ?
Le spécialiste ne peut que supposer : "elles migrent avec les oiseaux. Soit les larves de méduses appelées polypes se collent sur les pattes des oiseaux directement, soit sur des branches transportées d’un plan d’eau à l’autre." La méduse ne vit qu'un ou deux mois. En revanche, les polypes sont tenaces. Ils peuvent vivre jusqu'à 40 ans sous forme dormante ! Ils deviennent des méduses dès que la température de l'eau atteint les 25°C.
Craspedacusta sowerbii ne se développe que dans une eau claire et non polluée. Ce qui signifie que les bassins et lacs où elle vit ont une eau de bonne qualité. Par contre, comme toutes les espèces de méduses gare à sa piqûre ! "Ce n’est pas dangereux mais elle n’est pas connue pour être très urticante, alors il vaut mieux ne pas la toucher", prévient Guillaume Marchessaux.
Jusqu'ici, une seule personne s'est fait piquer l'index par cette méduse, c'était en 2017. À part un oedème qui a duré 3/4 jours, rien de grave mais les scientifiques s'inquiètent de la dangerosité de Craspedacusta sowerbii si une personne venait à être piquée par plusieurs individus en même temps...
Source : 20Minutes