Vous ne devinerez jamais combien de siestes fait cette espèce de manchot chaque jour !
C'est ce qui s'appelle un rythme de sommeil très particulier... Le manchot à jugulaire, vivant en Antarctique, fait des micro-siestes chaque jour, selon une étude scientifique. Et pas qu'un peu ! Pour quelles raisons ?
Dodo l'enfant do, et dodo le grand manchot ! Une étude étonnante menée par des chercheurs de Lyon et publiée le 29 novembre dernier dans la revue Science révèle que certains de ces oiseaux prennent un malin plaisir à faire des siestes ! Le nombre de ces micro-pauses est absolument énorme ! Et cela s'explique facilement...
GPS, observations et enregistrements vidéo
Avant toute chose, il est utile de rappeler, si vous ne le saviez pas, que certains animaux ont un rythme de sommeil très différent du nôtre. Le grizzli peut par exemple dormir pendant 213 jours consécutifs en période d'hibernation (à y réfléchir, cela donne presque envie lorsque l'hiver est gris et froid...). Mais ce n'est pas le seul animal si particulier...
Dans l'étude réalisée par ces chercheurs, emmenés par Paul-Antoine Libourel, on apprend que le manchot à jugulaire, ou Pygoscelis antarcticus, vivant en Antarctique, peut faire plus de 10.000 micro-siestes par jour, d'une durée moyenne de 4 secondes (oui, c'est court !). Au total, ce manchot recharge ses batteries grâce à un cumul de plus de 11 heures quotidiennes de sommeil, certes saccadé.
Ces observations ont pu être réalisées grâce à des électrodes implantées su 14 manchots de l'île du Roi-George en décembre 2019. Les chercheurs ont ainsi enregistré l'activité électrique dans le cerveau et les muscles du cou des manchots, le tout recoupé avec des accéléromètres, des GPS et des enregistrements vidéo pour pouvoir suivre leurs mouvements et leur localisation.
Essentiel pour la survie de l'espèce
Pour quelles raisons s'infliger ce rythme si particulier ? Les chercheurs estiment que la fréquence de ces micro-siestes, qui induisent que les manchots restent alertes entre elles, montre qu'il s'agit d'un mécanisme de survie. Les manchots à jugulaire auraient donc adopté un comportement idéal pour assurer la pérennité de leur espèce.
Dans leur environnement, considéré comme hostile, les manchots à jugulaire font face à de nombreux prédateurs, contre qui ils doivent donc se protéger. Ces siestes servent à cela, mais aussi à surveiller les œufs en période de nidification. D'ailleurs, les chercheurs ont remarqué que les mâles et les femelles se relayaient, les uns pour partir en quête de nourriture, les autres pour protéger les œufs.
Selon cette étude, les bénéfices d'un sommeil fragmenté peuvent se cumuler chez certaines espèces, contrairement à ce que l'on croyait jusqu'alors. Toutefois, sans pouvoir prouver que les manchots arrivaient à se reposer, les scientifiques ont en déduit que c'était le cas, puisqu'ils arrivaient à se reproduire sans problème. L'espèce est donc pour le moment sur de bons rails, tant que les siestes existent...