Météo "pourrie" de cet été : que disent vraiment les chiffres ?
Hormis près de la Méditerranée, les vacanciers ont été pour la plupart déçus par la météo souvent instable, humide, grise et parfois fraîche. Bref, certains n’hésitent pas à qualifier cet été de "pourri" mais qu’en est-il vraiment ? Les chiffres vont-ils dans le sens de notre ressenti ?
Alors que les tendances saisonnières émises début mai annonçaient unanimement un été "plus chaud et plus sec que la normale", force est de constater qu’il n’a pas été à la hauteur des prévisions. Si les régions méditerranéennes ont bénéficié de conditions sèches et ensoleillées depuis le 1er jour de cet été météorologique jusqu’au dernier, les vacanciers qui avaient choisi pour destination l’Atlantique, la Bretagne, la Normandie ou encore l’Auvergne ont été déçus par cette météo souvent capricieuse. La raison ? Un anticyclone des Açores qui, au lieu de s’étendre vers l’Europe de l’ouest, s’est plutôt étendu en direction du bassin méditerranéen et jusqu’à la Russie, laissant ainsi le champ libre à une influence dépressionnaire venue de l’Atlantique, synonyme de fraîcheur et d’humidité sur les îles britanniques et en France, notamment…
Juin instable, juillet pluvieux, août nuageux…
Si ce mois de juin a été remarquablement chaud avec un épisode précoce de fortes chaleurs en milieu de mois, les passages pluvio-orageux ont été également très fréquents sur une grande partie du pays et parfois violents avec localement des pluies intenses provoquant des inondations et des coulées de boues. La pluviométrie a ainsi été en moyenne excédentaire de plus de 50 % des Hauts-de-France à la Nouvelle-Aquitaine ainsi que du Grand Est au nord d'Auvergne-Rhône-Alpes. L'ensoleillement a été, quant à lui, proche des valeurs de saison sur la quasi-totalité du pays, légèrement déficitaire sur la façade ouest et le centre-est.
Au cours du mois de juillet, des perturbations actives se sont succédé sur la France et se sont accompagnées de précipitations très abondantes sur un large quart nord-est, provoquant par endroits des inondations. La pluviométrie de ce mois de juillet a été en moyenne sur la France excédentaire de près de 50 %. Sur la période 1959-2021, ce mois de juillet se classe ainsi parmi les dix mois de juillet les plus arrosés. Après un mois de juin déjà très excédentaire, ce début d'été est même l'un des trois plus arrosés sur la France ! Du fait de ces fréquentes perturbations, le soleil a été moins présent qu'à l'ordinaire sur la quasi-totalité du pays. Le déficit a souvent dépassé les 10 % de la Nouvelle-Aquitaine et des Charentes aux frontières de l’est et jusqu’aux Hauts-de-France ainsi que sur la pointe bretonne.
En dépit de précipitations plus discrètes en août avec un déficit de 40 % à l’échelle nationale, cette dernière partie de l’été météorologique n’a pas été franchement estivale en raison de températures souvent fraîches le matin et des maximales à peine de saison dans l’ouest et le nord du pays, plus proches des normales dans le sud-est. La présence d’un vent de nord-est a par ailleurs eu tendance à limiter la hausse du mercure et à renforcer la sensation de fraîcheur tandis que l’ensoleillement a été inférieur à la normale de 10 % en raison d’une grisaille matinale souvent tenace. Avec des perturbations océaniques assez rares, un déficit de pluie a toutefois concerné une grande partie du pays.
Des périodes chaudes assez rares et trop courtes
En plus de pluies souvent plus abondantes que la normale et d’un ensoleillement déficitaire, les températures ont également leur part de responsabilité dans cette sensation d’été pourri… En effet, si la température moyenne est supérieure de 0,5°C à la normale établie sur la période 1981-2010, cet été 2021 fait suite à une série de six été très chauds, caniculaires voire même hors-norme ! Ce trimestre estival (juin-juillet-août) est même le moins chaud depuis 2014 ! Cette longue séquence d'été chauds et secs a ainsi renforcé l'impression d'été pourri, d’autant que les périodes chaudes ont été rares cette année, quasiment absentes au printemps et au nombre de 3 seulement entre juin et août (6 au 21 juin, 18 au 24 juillet et 9 au 15 août).
Le niveau des températures maximales n'a d’ailleurs pas arrangé les choses, se situant autour de 25°C l’après-midi contre 28°C les étés précédents. Objectivement, cet été peut donc être qualifié de "relativement maussade" - sauf près de la Méditerranée - mais certainement pas de "pourri" dans la mesure où d’autres étés, par le passé, se sont avérés bien plus humides et surtout bien plus frais. Néanmoins, les climatologues de Météo-France parlent seulement d’un "répit [pour cet été] par rapport à ce que nous devrions connaître dans les années à venir" avec une multiplication et une intensification des périodes de sécheresses, des canicules ou encore des incendies.