Mesure choc : faut-il couper ou limiter Internet pour lutter contre la pollution numérique ?
Êtes-vous prêts à limiter votre consommation d'Internet, et à moins utiliser vos écrans ? C'est la proposition faite par l'ancienne ministre de l'Éducation, Najat Vallaud-Belkacem, pour lutter contre la pollution numérique.
Va-t-on bientôt devoir instaurer des quotas pour l'utilisation d'Internet, alors que nos vies sont rythmées par les écrans en tout genre connectés aux réseaux web ? C'est la proposition choc faite par l'ancienne ministre de l'Éducation nationale Najat Vallaud-Belkacem pour lutter contre la pollution numérique. Quel est l'impact d'Internet sur l'environnement ? Qu'en pensent les experts du domaine ?
Pas plus de 3 gigas par personne et par semaine ?
Le débat a donc été lancé le lundi 18 mars dernier dans une tribune signée dans Le Figaro par l'ancienne ministre socialiste de l'Éducation nationale, Najat Vallaud-Belkacem. Celle-ci, jugeant la consommation d'Internet polluante et aliénante, propose de la rationner, de la limiter drastiquement à trois gigas par personne et par semaine.
Selon elle, cette mesure radicale aurait des "conséquences bénéfiques" sur "l'une des plus grandes sources de pollution" que représente la toile. Une proposition presque adoubée par l'écologue au CNRS Françoise Berthoud, qui estime que 10 giga-octets par mois est "largement suffisant pour une vie professionnelle et personnelle très active". Le tout étant de limiter sa consommation de films en HD.
C'est en effet le visionnage de vidéos qui consomme le plus de données : selon un rapport de Greenpeace, télécharger un film de 2h30 en haute définition consommerait déjà 10 giga-octets...
La chercheuse ajoute qu'en plus d'utiliser moins de données, cette limitation permettrait des effets positifs en cascade, comme la diminution de la vente d'équipements (smartphones, tablettes) très lourds pour l'environnement, puisque les besoins auront diminué...
L'impact des data centers
Selon d'autres experts, comme Frédéric Bordage, spécialiste de la sobriété numérique, ce n'est pas la rationalisation d'Internet qui permettra de réduire la pollution numérique. Il explique qu'entre 65 et 75% des impacts environnementaux du numérique viennent de la fabrication des terminaux (ordinateurs, télés, smartphones) et non de l'échange de données sur le réseau.
Si posséder un écran est peut-être globalement plus polluant que de l'utiliser, l'impact de cette utilisation ne doit pas être négligé. En effet, lorsque vous regardez une vidéo en streaming, un data center s'active quelque part dans le monde, avec un coût environnemental énorme, puisque ces centres fonctionnent et chauffent jour et nuit, sans interruption.
Ces gros espaces de stockage qui nous permettent de surfer sur le web sont la deuxième source de pollution numérique, derrière les écrans ou terminaux.
La solution prônée par Najat Vallaud-Belkacem ne fait donc pas l'unanimité, d'autant que d'autres solutions, plus acceptables socialement, existent pour réduire l'impact environnemental du numérique : concevoir des services écoresponsables, faire payer moins cher le visionnage de films en faible résolution, ou encore prolonger la durée de vie des équipements.
Augmenter la "durée légale de conformité" de deux à cinq ans permettrait par exemple de moins gaspiller et de favoriser la réparation plutôt que le rachat. A bon entendeur...